Une vie dans la valise


Pour ce dernier billet avant de partir en vacances...
...je vous propose cet article de Christophe André...



Un regard différent sur un objet qui pourrait sembler banal ... la valise !!!

Si vous ne deviez garder, pour le reste de votre vie, que ce qui entre dans votre valise.
Qu'y mettriez vous ???




C’est l’anonyme des vacances.
Oubliée et négligée : utilitaire.
On ne s’occupe pas de la valise, on s’en sert.
Parfois, elle nous agace : tantôt trop petite pour que tout y entre, tantôt trop grande pour se loger avec toutes ses copines dans le coffre de la voiture, dans le casier à bagages du train, ou encore trop lourde, si on prend l’avion.
Son seul moment de gloire : lorsqu’elle arrive triompha­lement sur le tapis roulant de l’aéroport (« Ouf ! elle n’est pas perdue ! »).



Bref, la valise fait partie de ces objets anonymes qu’on oublie de regarder, encore plus de célébrer.
Et pourtant !
La valise, ses cousins et ses ancêtres (sacs, balluchons, besaces…), sont des objets d’humanité.
Ils ont traversé les siècles sans tellement évoluer : c’est toujours un contenant dans lequel on dépose un contenu, un réceptacle où nous empilons tout ce qui nous est précieux ou nécessaire, avant d’entreprendre un voyage, un déplacement, une migration.



Si son utilisation est devenue banale, c’est aussi que le voyage s’est banalisé : voyages d’affaires, de loisirs, accomplis en une journée, un week-end, une semaine.
Lorsque les populations de vacanciers affluent ou refluent, on parle de « migrations estivales » : nous partons en masse en quête de bonheurs d’été, vers un espoir de plaisirs.
Mais lorsque nos ancêtres migraient, fuyaient, émigraient, c’était en général vers un espoir de vie meilleure, et leurs valises prenaient une tout autre dimension.
Grandeur émouvante alors que celle de ces valises, avec toute la vie de nos anciens dedans ; tous leurs pauvres objets, les utiles surtout, puis quelques « inutiles » (photos, objets souvenirs, mèches de cheveux).



Et si je pensais à tous ces humains qui n’ont plus rien d’autre qu’elle ?
Si je communiais un peu avec ces femmes et ces hommes, d’hier ou d’au­­jour­­d’hui, pour lesquels son contenu représente – ou représentait – leur seul bien ?
Si, moi aussi, je me posais ces questions : « Tu dois ne garder, pour le reste de ta vie, que ce qui entre dans ta valise. Qu’y mettrais-tu ? Tu dois fuir ton pays, à cause de la peur ou de la faim, quitter tes amis et ta maison. Qu’emporterais-tu ? »



On se met alors à regarder notre bagage avec un peu plus de respect, de tendresse et de gravité.
Parce qu’à travers elle on perçoit les détresses et les espoirs de ces humains.
On se souvient tout à coup que nous ne sommes pas que des vacanciers, pas que des touristes, agacés par leur valise trop petite, trop grande, trop lourde, trop ceci, trop cela.
On se souvient que nos vies pourraient être moins douces… et que nous sommes des humains.
Tous cousins.
Tous pareils.



Allez, bon voyage et au plaisir de vous lire...

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