Ce texte un peu cru est pour moi une "madeleine" ... il prônait dans les toilettes du restaurant de mes parents !
Je vous ai épargné la version originale en vieux Français ;-)
Bonne lecture ...
François RABELAIS, Gargantua, chapitre 13
Comment Grandgousier reconnut à l'invention d'un torche-cul la merveilleuse intelligence de Gargantua.
Sur la fin de la cinquième année, Grandgousier, retour de la défaite des Canarriens, vint voir son fils Gargantua.
Alors il fut saisi de toute la joie concevable chez un tel père voyant qu'il avait un tel fils et, tout en l'embrassant et en l'étreignant, il lui posait toutes sortes de petites questions puériles.
Et il but à qui mieux mieux avec lui et avec ses gouvernantes auxquelles il demandait avec grand intérêt si, entre autres choses, elles l'avaient tenu propre et net.
Ce à quoi Gargantua répondit qu'il s'y était pris de telle façon qu'il n'y avait pas dans tout le pays un garçon qui fût plus propre que lui.
"Comment cela ? dit Grandgousier.
- J'ai découvert, répondit Gargantua, à la suite de longues et minutieuses recherches, un moyen de me torcher le cul. C'est le plus seigneurial, le plus excellent et le plus efficace qu'on ait jamais vu.
- Quel est-il ? dit Grandgousier.
- C'est ce que je vais vous raconter à présent, dit Gargantua.
Une fois, je me suis torché avec le cache-nez de velours d'une demoiselle, ce que je trouvai bon, vu que sa douceur soyeuse me procura une bien grande volupté au fondement ;
une autre fois avec un chaperon de la même et le résultat fut identique ;
une autre fois avec un cache-col ;
une autre fois avec des cache-oreilles de satin de couleur vive, mais les dorures d'un tas de saloperies de perlettes qui l'ornaient m'écorchèrent tout le derrière.
Que le feu Saint-Antoine brûle le trou du cul à l'orfèvre qui les a faites et à la demoiselle qui les portait.
"Ce mal me passa lorsque je me torchai avec un bonnet de page, bien emplumé à la Suisse.
"Puis, alors que je fientais derrière un buisson, je trouvai un chat de mars et m'en torchai, mais ses griffes m'ulcérèrent tout le périnée.
"Ce dont je me guéris le lendemain en me torchant avec les gants de ma mère, bien parfumés de berga-motte.
"Puis je me torchai avec de la sauge, du fenouil, de l'aneth, de la marjolaine, des roses, des feuilles de courges, de choux, de bettes, de vigne, de guimauve, de bouillon-blanc (c'est l'écarlate au cul), de laitue et des feuilles d'épinards (tout ça m'a fait une belle jambe !), avec de la mercuriale, de la persicaire, des orties, de la consoude, mais j'en caguai du sang comme un Lombard, ce dont je fus guéri en me torchant avec ma braguette.
"Puis je me torchai avec les draps, les couvertures, les rideaux, avec un coussin, une carpette, un tapis de jeu, un torchon, une serviette, un mouchoir, un peignoir ; tout cela me procura plus de plaisir que n'en ont les galeux quand on les étrille.
- C'est bien, dit Grandgousier, mais quel torche-cul trouvas-tu le meilleur ?
- J'y arrivais, dit Gargantua ; vous en saurez bientôt le fin mot.
Je me torchai avec du foin, de la paille, de la bauduffe, de la bourre, de la laine, du papier.
Mais Toujours laisse aux couilles une amorce Qui son cul sale de papier torche.
- Quoi ! dit Grandgousier, mon petit couillon, t'attaches-tu au pot, vu que tu fais déjà des vers ?
- Oui-da, mon roi, répondit Gargantua, je rime tant et plus et en rimant souvent je m'enrhume.
Ecoutez ce que disent aux fienteurs les murs de nos cabinets :
Chieur,
Foireux,
Péteur,
Breneux,
Ton lard fécal
En cavale
S'étale
Sur nous.
Répugnant,
Emmerdant,
Dégouttant,
Le feu saint Antoine puisse te rôtir
Si tous
Tes trous
Béants
Tu ne torches avant ton départ.
"En voulez-vous un peu plus ?
- Oui-da, répondit Grandgousier.
- Alors, dit Gargantua :
En chiant l'autre jour j'ai flairé
L'impôt que mon cul réclamait :
J'espérais un autre bouquet.
Je fus bel et bien empesté.
Oh ! si l'on m'avait amené
Cette fille que j'attendais
En chiant,
J'aurais su lui accommoder
Son trou d'urine en bon goret ;
Pendant ce temps ses doigts auraient
Mon trou de merde équipé,
En chiant.
"Dites tout de suite que je n'y connais rien !
Par la mère Dieu, ce n'est pas moi qui les ai composés, mais les ayant entendu réciter à ma grand-mère que vous voyez ici, je les ai retenus en la gibecière de ma mémoire.
- Revenons, dit Grandgousier, à notre propos.
- Lequel, dit Gargantua, chier ?
- Non, dit Grandgousier, mais se torcher le cul.
- Mais, dit Gargantua, voulez-vous payer une barrique de vin breton si je vous dame le pion à ce propos ? - Oui, assurément, dit Grandgousier.
- Il n'est, dit Gargantua, pas besoin de se torcher le cul s'il n'y a pas de saletés.
De saletés, il ne peut y en avoir si l'on n'a pas chié.
Il nous faut donc chier avant que de nous torcher le cul !
- Oh ! dit Grandgousier, que tu es plein de bon sens, mon petit bonhomme ; un de ces jours prochains, je te ferai passer docteur en gai savoir, pardieu !
Car tu as de la raison plus que tu n'as d'années.
Allez, je t'en prie, poursuis ce propos torcheculatif.
Et par ma barbe, au lieu d'une barrique, c'est cinquante feuillettes que tu auras, je veux dire des feuillettes de ce bon vin breton qui ne vient d'ailleurs pas en Bretagne, mais dans ce bon pays de Véron.
- Après, dit Gargantua, je me torchai avec un couvre-chef, un oreiller, une pantoufle, une gibecière, un panier (mais quel peu agréable torche-cul !), puis avec un chapeau.
Remarquez que parmi les chapeaux, les uns sont de feutre rasé, d'autres à poil, d'autres de velours, d'autres de taffetas.
Le meilleur d'entre tous, c'est celui à poil, car il absterge excellemment la matière fécale.
Puis je me torchai avec une poule, un coq, un poulet, la peau d'un veau, un lièvre, un pigeon, un cormoran, un sac d'avocat, une cagoule, une coiffe, un leurre.
"Mais pour conclure, je dis et je maintiens qu'il n'y a pas de meilleur torche-cul qu'un oison bien duveteux, pourvu qu'on lui tienne la tête entre les jambes.
Croyez-m'en sur l'honneur, vous ressentez au trou du cul une volupté mirifique, tant à cause de la douceur de ce duvet qu'à cause de la bonne chaleur de l'oison qui se communique facilement du boyau du cul et des autres intestins jusqu'à se transmettre à la région du coeur et à celle du cerveau.
Ne croyez pas que la béatitude des héros et des demi-dieux qui sont aux Champs Elysées tienne à leur asphodèle, à leur ambroisie ou à leur nectar comme disent les vieilles de par ici.
Elle tient, selon mon opinion, à ce qu'ils se torchent le cul avec un oison ; c'est aussi l'opinion de Maître Jean d'Ecosse."
Allez, au plaisir de vous lire... Enjoy !
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1 De René Meunier -
En l'espèce, la cour relève :
• les propos, pour le moins peu amènes sinon parfois orduriers, utilisés à
l'endroit du notaire BARNICH ou de son étude par le juriste du notaire
CAMBIER sur lettres à en-tête de ce dernier (cf. lettres des 3 et 5
février 2016, annexes aux p.8 et 9),
- évoquant un « torche-cul » notarial (sic), un acte fantôme, une
étude « chryséléphantine» (faite d'or et d'ivoire), une étude
« d'ivoire »,
parlant du notaire BARNICH comme étant le « majestueux »
(sic) BARNICH, le « scribouillard tant apprécié» (sic), « l'as
du notariat francophone » (sic),
- priant l'enquêteur de croire à l'expression de toute sa
considération en ce qui (le) concerne,au point de provoquer un appel à la sérénité par le juge d'instruction (p.10),
sans que, par la suite, le notaire CAMBIER - révélant ainsi sa volonté de
nuire - désavoue les termes utilisés par son juriste, demandant même à
Laurent BARNICH quelles insinuations déplaisantes il devrait retirer (lettre
du 10 août 2015, annexe à la p.26), affirmant encore que le notaire
BARNICH avait falsifié « de manière plutôt éhontée » (lettre du notaire
CAMBIER du 18 juillet 2016, in fine, p35).
Ainsi jugé et prononcé en audience publique, à Mons, le 1er mars 2021, par la
chambre des mises en accusation, où étaient présents :
Mystère!
Je suis le juriste.
Rabelais est toujours en odeur démoniaque chez les Grippeminaud.
Qu'en pensez-vous?
Bon après-midi (ou bonne digestion)!
2 De monsieur l'ingénieur -
Rabelaisien ultra-médiocre, juriste sans envergure, narrateur incompétent, René Meunier nous présente les choses sous l’angle complotiste : “Mystère!”
Metteur en page nullissime, il ne détache même pas le point d’exclamation ; mais passons !
Nous ne saurons pas qui a ainsi jugé et prononcé (un tel jugement).
Pourquoi tait-il cette information ?
Se réclamant d’Émile Zola, il prétend que les intéressés sont juste des personnes librement interchangeables et ont agi comme entités de malfaisance sociale.
J’opine qu’il a voulu se mettre à couvert, redoutant des représailles picrocholines.
Mais, alors, par la Mère Déou, qu’il ne divulgue rien, tout simplement. Ma curiosité n’aurait pas été éveillée et je ne resterais pas sur ma faim.
Voici comment tout ça aurait pu être présenté.
En l'espèce, la cour relève :
(…)
les propos, pour le moins peu amènes sinon parfois orduriers, utilisés à l'endroit du notaire BARNICH ou de son étude par le juriste du notaire CAMBIER sur lettres à en-tête de ce dernier (cf. lettres des 3 et 5 février 2016, annexes aux p.8 et 9),
- évoquant un “torche-cul” notarial (sic), un acte fantôme, une étude “chryséléphantine” (faite d'or et d'ivoire), une étude “d'ivoire”,
- parlant du notaire BARNICH comme étant le “majestueux” (sic) BARNICH, le “scribouillard tant apprécié” (sic), “l'as du notariat francophone” (sic),
- priant l'enquêteur de croire à l'expression de toute sa considération en ce qui (le) concerne,
au point de provoquer un appel à la sérénité par le juge d'instruction (p.10), sans que, par la suite, le notaire CAMBIER - révélant ainsi sa volonté de nuire - désavoue les termes utilisés par son juriste, demandant même à Laurent BARNICH quelles insinuations déplaisantes il devrait retirer (lettre du 10 août 2015, annexe à la p.26), affirmant encore que le notaire BARNICH avait falsifié “de manière plutôt éhontée” (lettre du notaire CAMBIER du 18 juillet 2016, in fine, p.35).
(…)
Ainsi jugé et prononcé en audience publique, à Mons, le 1er mars 2021, par la Chambre des mises en accusation, où étaient présents : - fin de la citation.
Et je propose : Mes dames & sieurs [je puise dans Rabelais ; personne ne s’en offusquera] Grippeminaud, Chafourez, Mâchefèces, Masticroth et Mangétron.
Justice merci ! il y a encore, à Mons Veneris en Hainaut, de la haute magistrature qui se pourlèche des fleurs de langage Renaissance du fameux docteur en médecine.
Louées soient les éminences judiciaires qui ont à cœur de nous mettre en joie dans leur verdict.
Et de parfaire notre culture rabelaisienne (pour être précis : dans son aspect biblique) en évoquant, avec toute la subtilité qui convient, le Deutéronome (23, 13-15) :
Tu auras un endroit hors du camp et c’est là que tu iras, au-dehors. Tu auras une pioche dans ton équipement, et quand tu iras t’accroupir, au-dehors, tu donneras un coup de pioche et tu recouvriras tes ordures. Car Yahvé ton Dieu parcourt l’intérieur du camp pour te protéger et te livrer tes ennemis. Aussi ton camp doit-il être une chose sainte, Yahvé ne doit rien voir chez toi de dégoûtant ; il se détournerait de toi !
Mais comment la soldatesque israélite se torchait le cul à l’époque ?
Mystère !
3 De Suzon Warhafitg -
Le jeudi 15 janvier 2015, au cours de son oraison funèbre pour Elsa Cayat, la rabbine Delphine Horvilleur débite que la défunte « aurait peut-être pu faire un très bon rabbin – qu’elle ne m’en veuille pas de lui dire cela, à elle, la juive laïque, l’athée pratiquante. »
Soit !
Plus loin, elle raconte une histoire censée être de l’humour et peut-être provoquer le rire, même sans un seul éclat.
En voici la fin…
À bout d’arguments, Rabbi Éliezer en appelle à Dieu lui-même et dit : « Si j’ai raison qu’une voix céleste le confirme ».
Immédiatement, une voix céleste annonce : « Rabbi Éliezer a raison ». Silence à la maison d’étude [yeshiva].
Alors, se lève un homme, Rabbi Yoshoua et il dit à Dieu : « Cette discussion ne Te regarde pas ! Tu nous as confié une loi, une responsabilité, maintenant elle est entre nos mains. Tiens-toi loin de nos débats. »
[Remarquez le t majuscule.]
Cet épisode s’achève de façon plus étrange encore, par la réaction de Dieu. En entendant cela, affirme le Talmud, Dieu se met à rire et il dit avec tendresse : « Mes enfants m’ont vaincu ! » À l’heure qu’il est, Dieu est peut-être déjà sur le divan d’Elsa.
Deux remarques :
- qui sont les enfants de ce dieu ? apparemment, juste des rabbins ;
- pour cette profession, mieux vaut 1 dieu relatif et bla-bla-bla-trafiqué jusqu’à plus-soif (simplement, tout simplement, par rapport aux énoncés explicites de la Torah) que pas de Dieu du tout.
Mais trêve de polémique avec la messe-médiatique Delphine Horvilleur. Possédant un diplôme de biologie d’une prestigieuse université, admettra-t-il que les règles de pureté alimentaire israélite n’empêchent pas la fermentation dans les intestins judaïques, ni la production de gaz en leur sein (ou saint) ?
Là-dessus, François Rabelais aurait pu dire écrire ceci.
Si, à l’occasion de son accroupissement (Deutéronome 23, 13-15), le fantassin de Sabaot lâchait une flatulence du tonnerre de Dieu, il :
- cornemusait hébraïquement ;
- rendait le ruach et quatre potées de soupe ;
- expirait son âme par le fondement.
Sources :
1° Pantagruel, chapitre 1 ;
2° Gargantua, 35 ;
3° Quart livre, 45.
4 De monsieur l'ingenieur -
Le commentaire n° 3 de Suzon Warhafitg pourrait s'intituler, à la manière des fables de la Fontaine : Dieu, l’âme et le culte.
Ce n'est qu'une modeste suggestion mais je suis fier d'avoir eu cette idée et pas René Meunier.
Il n'a encore rien répondu à mon commentaire, ce faux rabelaisien (et vrai pleutre).
"Rabelais est toujours en odeur démoniaque chez les Grippeminaud" écrivait-il benoîtement le 22/09/2022 (à 13:29).
Y a-t-il un jeu de mots ?
Peut-être mais 1 pas très réussi et fortement raté.
Qu'attendre de plus d'un tousseux de ce genre ?
Dans les mesures où Elsa Cayat :
- avait un père gastro-entérologue et
- se revendiquait de Rabelais ;
les ordures finales de Suzon Warhafitg n'auraient pas dû trop lui déplaire.
5 De René Meunier -
Le microbiote est loin d'avoir livré tous ses secrets ; l'intestinal, en tout cas. Nouvel eldorado scientifique, il confère à la gastro-entérologie un prestige inattendu. Grâce à lui, elle est devenue une spécialité médicale de pointe. D'autant plus que les intestins possèdent un système nerveux autonome et produisent des hormones très diversifiées.
La flore intestinale, étudiée sous l'angle nouveau du microbiote, forme un immense continent. Sa découverte ne fait que commencer ; avec l'avantage que la connotation stercoraire a disparu. En quelque sorte, la déjection possède maintenant ses lettres de noblesse biologique et médicale. Ses explorateurs acquièrent honneurs et gloire : fini le temps des fouille-merde !
Pantagruel, le livre, date de 1532. Quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t'y adonnes avec zèle, écrit Gargantua à son fils (chapitre 8). Et, un petit peu plus loin : par fréquentes anatomies, acquiers une parfaite connaissance de cet autre monde qu'est l'homme.
À l'époque, les anatomies commençaient leur vogue et, très progressivement, les livres des médecins grecs, arabes et latins allaient être démentis par les observations puis expérimentations des anatomistes. Bref, la médecine entrait dans l'ère scientifique. Elle profanait les corps et grands auteurs.
De manière inégalée, le docteur en médecine François Rabelais a mis le ventre et les intestins sur un piédestal ; leurs input et output aussi. Ce faisant, il s'est montré grand visionnaire et physiologiste.
André Vésale est porté aux nues en tant qu'anatomiste. En physiologie, les mérites de François Rabelais devraient être maintenant reconnus ; avec la gratitude qui s'impose et à leur juste valeur.
Vésale se prenait très au sérieux. Rabelais, pas du tout ; et c'est peu dire. De sorte que les perturbés du microbiote le censurent autant qu'ils peuvent. À leurs yeux en mal de santé, Rabelais projette de l'ordure et des indécences dans la figure des élites sociales. Il n'y a rien de bon à en tirer. La constipation est de mise. Soit !
Donc, Pantagruel (au chapitre 8, publié en 1532) se voit admonesté par Gargantua, son père, de connaître les faits de nature et d'acquérir, au moyen d'anatomies répétées, une parfaite connaissance de cet autre monde qu'est l'homme.
Père de Gargantua, Grandgousier, découvrit l'esprit merveilleux de son fils, docteur en gaie science, à l'invention d'un torche-cul. Comment ? Le physiologiste Rabelais expose tout cela au chapitre 13, avec l'intention première que ses lecteurs en aient le ventre remué ; puissamment.
Aux yeux des magistrats distingués de la chambre des mises en accusation de Mons, le 3 février 2016, René Meunier, écrivant aux enquêteurs écofin, a évoqué un torche-cul notarial dans ses propos à l'endroit du notaire BARNICH.
On dirait qu'ils m'estiment l'avoir qualifié de torcheur de cul. Mais “torche-cul” ne peut dénommer une personne ; juste un objet.
Ces éminents magistrats, de Mons (Veneris en Hainaut), manquent singulièrement de lettres, dirait-on. Et de bonne humeur, encore plus.
J'ai tout bonnement écrit :
« Je vous ai remis hier une copie complète du “torche-cul” notarial semblant avoir été adopté en date du 30 mai 2011. »
À cet endroit précis de ma lettre, j'ai qualifié l'œuvre dudit notaire, pas sa personne.
Tant qu'il ne se plaignait pas d'une atteinte à son honneur ou à la considération de sa personne, les magistrats ne pouvaient se saisir de mes propos et les faire peser dans le plateau (à charge) de leur arrêt.
Autrement dit : il appartenait audit BARNICH seul de se plaindre d'un éventuel jet de l'une ou l'autre ordure ayant comme cible sa propre personne.
En le considérant “motu proprio” comme offensé, les Veneris-Montois lui ont léché le cul alors qu'il ne leur avait rien demandé à cet égard.
Dit en latin d'opérette judiciaire : ils ont statué ultra petita. Décidément, on reste dans le domaine d’élection de la présente page.
Bref, voilà du vilainement conchié très peu à leur honneur.
Source : Pantagruel, chapitre 10 ‒ comment il jugea équitablement une controverse merveilleusement obscure et difficile (entre les seigneurs de Baiselcul et Humevesne) de façon si juste que son jugement fut dit fort admirable.
6 De Bérecca Nözenspectre -
La secte des Sadducéens, ainsi qualifiée par la Bible de Jérusalem (dessous la geste de Hari-Shrist par Matthieu, chapitre 22, verset 23) « se recrutait surtout parmi les grandes familles sacerdotales. Le parti des grands prêtres, principale-ment, en était composé. Ils se sont aussi heurtés à Jésus. »
Ceux-ci prétendaient que la chair, elle, ne peut pas ressusciter, puisqu’ils ne trouvaient pas la moindre trace de cette doctrine dans la Torah (alias le Penta-teuque des chrétins et crétines). Il y a bien un passage en ce sens dans le canon hébraïque, mais il se trouve chez Ézéchiel (37, 1-10 + le verset 12), prophète dit “postérieur” :
« La main de Yahvé fut sur moi. M’emmenant par l’esprit, il me déposa au milieu d’une vallée pleine d’ossements. Je la parcourus en tous sens. Les ossements su-rabondaient, tout desséchés. Alors Yahvé me dit :
– Fils d’homme, ces ossements revivront-ils ?
– Seigneur des armées, toi seul le sais, répondis-je.
– Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la parole de Yahvé, ainsi vous parle Yahvé Sabaot : “Voici que je vais faire entrer en vous l’esprit et vous vivrez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai pousser de la chair, je formerai des muscles. J’étendrai une peau par-dessus, vous insuffle-rai l’esprit et vous vivrez, sachant que je suis Yahvé.”
» Je prophétisai ainsi qu’il me l’avait ordonné. Un bruit se fit entendre, il y eut un frémissement puis les os se rapprochèrent les uns des autres et se réunirent.
» Je regardai : ils étaient couverts de nerfs, la chair avait poussé et une peau se tendait par-dessus. Pourtant l’esprit était absent. Le Seigneur Yahvé me dit : “Prophétise à l’esprit, fils d’homme. Dis-lui qu’il vienne. Viens des quatre vents, esprit, souffle sur ces morts et qu’ils vivent.”
» Ainsi fis-je comme il me le demandait et l’esprit vint en eux. Ils s’animèrent et se mirent debout sur leurs pieds. Il s’en forma une grande armée, immense même. “Voici que j’ouvre vos tombeaux, je vous ferai sortir de votre sépulcre et vous ramènerai sur la terre d’Israël.” »
Un républicain, de la moëlle de ses os jusqu'à la fine fleur de sa peau, Baruch Spinoza, publia en 1670 à Amsterdam un traité sur la théologie et le politique, ultra- célèbre. Aussi renommé que lu de travers. De sorte que la moëlle substan-tifique n'en est pas extraite.
Ledit traité contient des moqueries que son titre n'autorise pas à présumer et le commun ordinaire de ses commentatrices et commentateurs ne possède pas l'aptitude qui permette de le recevoir « à dérision et rigolade. »
Il faut soigneusement peser ce qu'y raconte Spinoza. « Alors vous connaîtrez que la drogue qu'il contient est de bien autre valeur que ne le promettait la boîte. » Le titre ne laisse pas supposer les matières folâtres recelées dedans et il faut un bel esprit pour les découvrir.
Au chapitre premier (“de la prophétie”), il baratte (sur 8 pages) l'Esprit de Dieu ou Esprit saint, qui se dit “ruagh” en hébreu.
Annonçant le film Pulp Fiction de Quentin Tarantino, l'Amstellodamois pointe, aussi cruellement que possible Ézéchiel 37, 9 (25, 10 dans “Pulp Fiction” ; comme quoi les grands classiques ne se démodent pas, sauf chez les débiles crasseuses et crasseux qui surpeuplent la République).
Ce jour-là, quelques Sadducéens s’approchèrent de Kyrios Éleison. Lequel se mé-fiait déjà (du tour pendable qu’ils allaient jouer à son Saint Esprit).
– Maître, Moïse a dit : « Si quelqu’un meurt sans avoir d’enfants, son frère doit épouser la veuve, sa belle-sœur, et ainsi susciter une postérité à son frère dé-funt. »
– …
– Or il y avait chez nous sept frères. Le premier se maria et mourut, sans postéri-té, laissant donc sa femme à son frère “lévir” pour le coup. Il vint à elle et la prit (pour femme), mais ne lui engendra pas d’enfant mâle, alors qu’il s’abstenait pourtant de “laisser perdre à terre” pour la remplir de son devoir de beau-frère ou lévir, puis il mourut. Pareillement le deuxième, puis le troisième, jusqu’au sep-tième. Finalement après eux tous, la femme mourut. À la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme ? Car tous l’auront eue [oui : eue] en fait.
– Vous êtes dans l’erreur, ignorant les Écritures et la puissance de Dieu. À la ré-surrection, en effet, l’on ne prend ni femme ni mari, étant du sexe des anges au ciel » (Luc 20, 27-36 ; Marc 12, 18-25 et Matthieu 22, 23-30).
Donc, les Sadducéens ont heurté frontalement I.N.R.I. et finement plaisanté à Ses dépens. Ils ne se sont pas heurtés à Lui : nuance ! D'ailleurs, qui sort amoché de l'escarmouche ?
Elle nous apprend aussi que les anges sont asexués.
Et, enfin, qu’Ézéchiel (rendu célèbre dernièrement par Pulp Fiction de Quentin Tarantino) vaut la peine d’être feuilleté.
La question sadducéenne relative à la résurrection de plusieurs maris, avec leur membre viril, constitue l'épisode le plus drôle des rouleaux et volumes sacrés d'entre les sacrés du judéo-crétinisme. Les casuistes avaient l'intention de ridiculi-ser Shrist-Krishna et ils y ont magnifiquement réussi. Le divin fils de Sabaot (le Fils de Dieu) est parti la queue (s'il en avait une) entre les jambes.
Ici, on sent (même un aveugle le sentirait avec sa canne blanche) la différence entre des hommes d'esprit et l'Esprit incarné (comme un ongle). Le judéo-crétinisme avoue platement son agélastie. François Rabelais, docteur en médecine a défini avec talent ce genre de pathologie.
Pourtant, il ne touche pas à la controverse de la mentule ressuscitée ou pas. Il l'évite comme la peste.
S'il avait transposé l'épisode, ça lui aurait valu tout simplement un holocauste de ses livres ; et sa personne. En d’autres mots : de finir sur le bûcher. Ce qui n’était pas trop à son goût, bon vivant comme il semble avoir été.
Cette inquiétude est exprimée fort explicitement au prologue de Pantagruel, en 1542 : je voudrais bien que mes fidèles, ceux qui ont vu, lu et su mes Chroniques de Gargantua, les sachent par cœur. Au cas où tous mes livres périraient, chacun pourrait les enseigner à ses enfants et ils seraient transmis « ainsi qu'une religion cachée.
» Car il y a dedans plus de fructueux profit que peut-être ne le pensent un tas de gros prétentieux couverts de croûtes, qui comprennent beaucoup moins de choses dans ces petites joyeusetés que le professeur de droit Raclet, dans les “Institutes” de l'empereur Justinien. »
Et paf ! dans les douloureux ulcères des magistraux arbitres des élégances et dignes manières, siégeant à Mons Veneris en Hainaut, tout drapés de noire digni-té, avec un blanc jabot bien plissé (pour se baver dessus).
« Mais comme un refuge pour se réconforter et ne pas se contrister, des hauts seigneurs que j'ai connus récapitulaient les inestimables faits dudit Gargantua. » Dont ceux, par conséquent, narrés au fameux chapitre XIII. N'en déplaise à nos bavasseurs veneris-montois.
« Leur seule consolation [à des hospitalisés que Rabelais soignait tant bien que mal] était d'ouïr la lecture de quelques pages » des nobles exploits, plaisants et joyeux de, encore et toujours, Gargantua.
« Trouvez-moi un livre, en quelque langue, en quelque usage et science que ce soit, qui ait de telles vertus, propriétés et prérogatives. Je vous paierai alors un grand pot de tripes. Non, messieurs, non : il est sans pair, incomparable et sans parangon au dessus. Je le maintiens jusqu'au feu … exclusivement. »
En d'autres mots : moi, le médecin Rabelais, je m'abstiens de plaisanter sur des sujets à ce point sensibles que mes livres et moi-même termineraient sur le bû-cher, au feu qui dévore les ennemis de la Bible et toutes les saintes vérités qu'elle contient.
« Le monde a bien connu par expérience infaillible le grand avantage et utilité qui nous venait de ladite chronique gargantuine : il en a été vendu par les imprimeurs en deux mois plus qu'il ne sera acheté de bibles en neuf ans.
» Voulant donc, moi votre humble esclave, augmenter encore vos passe-temps, je vous offre à présent un autre livre de même nature, sinon qu'il est plus équitable et digne de foi, un peu, que n'était l'autre. Car ne croyez pas (si vous ne voulez pas vous tromper exprès) que j'en parle comme les juifs, de la loi. Car je ne suis pas né en telle planète et il ne m'arriva jamais de mentir ou soutenir une chose dénuée de véracité ni véritable. »
« Je te le dis en Vérité. Je sais ce dont je parle et atteste de ce que j'ai vu, moi Jé-sus fils de Yahvé. » La première édition de Pantagruel (1533) raillait sans aucune pincette l'évangile n° 4.
Donc, celui du giton (platonique ?) de Jésus, Jean le très gentil (avec Jésus, en tout cas).
En 1542, pour ne pas s'exposer de trop au Feu dévorant de Yahvé Sabaot Dieu des juifs et chrétiens, François Rabelais préfère tourner en dérision les crotte-notaires et croquenotaires : « Ce que nous avons vu, nous en portons témoi-gnage. » Formule sacramentelle assez johannique pour conférer à leurs actes un cachet de véracité ; les faire sonner vrai, en d'autres mots.
Mais revenons aux bûchers.
L'illustre physiologue veut faire rire (vous savez : cette émotion bienfaisante, ex-travertie et curative). Mais pas au prix d'une crémation à vif de sa personne après celle de ses livres. Son souci là-dessus se révèle encore par l'évocation du holo-causte au soufre de ces vils païens (aux yeux des juifs et chrétiens) de Sodome et Gomorrhe.
Tout ça parce que “ces gens-là” n'avaient pas trouvé grâce aux yeux de Yahvé Sabaot : ils ne le craignaient pas et, du Mal, ne se gardaient pas. Eh oui !
7 De René Meunier -
Robert Joly est connu dans le monde entier comme le révolutionnaire de la médecine d'Hippocrate. C'est le natif de Carnières qui lui a fait perdre son statut de divinité des médecins. La profanation helléniste ne fut pas bien accueillie, en 1964 ; toute publiée chez Gallimard qu'elle fût.
Dedans, le Hennuyer suprême mentionne François Rabelais, docteur en médecine. Ce qui constitue déjà un hommage. Les vieux rabbinistes enjuponnés, philogrobolisés du cerveau, gros veaux gras etc. (voir Pantagruel, chapitre 10), ignorent Rabelais jusqu'à lui nier son doctorat en médecine (de Montpellier) ; et la pratique de cette profession. À part qu'il manque d'aménité, ils n'en savent rien. Et, surtout, ces gens-là ne veulent rien en savoir.
La sommité de Mons, université, affirmait haut et fort, preuves à l'appui, qu'il y avait moyen de rire, très joyeusement, à la lecture de la Bible. Eh bien, ne nous en privons pas !
Yahvé fortifia Églôn, roi de Moab, contre Israël. Ceux-ci recommençaient à faire ce qui est mal. Mal aux yeux de Sabaot. Églôn s'adjoignit les fils d'Ammon et d'Amaleq. Ils marchèrent contre Israël, la battirent et s'emparèrent de la ville des Palmiers alias Jéricho. Églôn asservit les israélites pendant dix-huit ans.
Ils crièrent alors vers Yahvé qui leur suscita un sauveur : Éhud, un gaucher. Il se fit un poignard à double tranchant, long d'un gomed, et l'attacha sous son vêtement ; sur la hanche droite.
Ainsi accoutré, Éhud s'introduisit auprès d'Églôn. Lequel était très gros, précise le Livre des juges (3, 18). « J'ai un message secret, ô roi ! » Ils restèrent seul à seul. Églôn était assis dans la chambre haute, où prendre le frais, qui lui était réservée.
« C'est une parole de Dieu que j'ai pour toi. » Églôn, de son siège, aussitôt se leva. Éhud étendit la main gauche, prit le poignard de dessus sa hanche droite et l'enfonça dans l'énorme ventre royal.
Même la poignée y entra, à la suite de la lame. Éhud laissa le poignard au dedans du ventre. Alors sortit le parshedonah.
Mot unique en hébreu, annote la Bible de Jérusalem ; il doit signifier les excréments.
Ayant délivré son message divin à Églôn, Éhud s'éclipsa, laissant le cadavre enfermé dans la pièce, avec la puanteur des excréments à l'air libre.
Les serviteurs ne s'inquiétèrent pas : « Sans doute, notre roi se couvre les pieds dans le réduit de la chambre fraîche. »
« Euphémisme pour : satisfaire ses besoins naturels », explique la Bible de J. Mais on aimerait bien savoir de quoi Églôn se couvrait les pieds afin de laisser la voie libre à tout son parshedonah. Juste un caleçon, supposerons-nous.
Arrivé à la montagne, Éhud sonna du cor et les israélites en descendirent.
« Suivez-moi. Sabaot a livré votre ennemi, Moab, entre vos mains. »
Ils battirent les gens de Moab, environ 10.000 hommes, tous robustes et vaillants ; pas 1 n'en réchappa. En ce jour-là, Moab fut abaissé sous la main d'Israël.
Voilà tout l'épisode d'Éhud, de son α à son ω.
Eh bien, Panurge n'utilise pas le mot parshedonah pour désigner la matière fécale de toutes les manières possibles et imaginables au chapitre 67 du Quart livre : comment il se conchia de rude peur etc.
Parshedonah ne se trouve pas plus au bref éclaircissement, appendice du Quart livre, où Rabelais désobscurcit divers termes hébreux à vocation comique.
“Ob iter” nous apprenons que le bonase de Péonie (grand comme un taureau mais davantage trapu), chassé et pressé, fiente à quatre pas de distance et plus ; par ce moyen, il se sauve en brûlant de sa fiente. Le poil des chiens qui le pourchassent, ajoute l'illustre médecin renaissant.
Ob iter (latin) : en chemin, au passage, en passant.
Ce qui précède démontre combien le moqueur Robert Joly avait raison sur les vertus déconstipantes de la Bible, tout désanimé qu'il est depuis 2011.
Alors, monsieur l'ingénieur, je suis peut-être un juriste qui ne décolle pas ; ainsi qu'un sommet d'incompétence narrative. Mais, ici, j'ai dépassé le grand maître.
Et ma mise en page tient la route !
8 De Bérecca Nözenspectre -
Homère et la clique patriarcale des barbus grecs ont tout écrit pour déchoir Méduse du rang suprême qu'elle occupait dans la mythologie archaïque. Ces messieurs lui ont ôté les dents et ses défenses. Elle en possédait comme la laie. Vous savez : le sanglier femelle qui éventre les intrus. Ce que le mâle ne fait pas, lui. Petite quéquette, raisins de Corinthe !
Résultat : Méduse personnifie aujourd'hui le dérangement psychiatrique de l'hystérie, l'effrayante, au fond des enfers sombres, froids et humides.
Qu'avait-Elle bien pu faire pour mériter une relégation de ce genre ?
Eh bien, débiter des sarcasmes dévastants qu'elle projetait de sa bouche puissante aux endroits les plus sensibles du viril ego des barbus pénorientaux.
Donc, les patriarches l'ont édentée, démantelée, bouche-à-pipée autant que faire se pouvait, la métamorphosant en pathétique tragédie de l'état féminin : celui de nature, pense-t-on. Et ils ont bien œuvré à ce qu'elle ne devienne pas une démone du genre Lilith restée, elle, une place-forte de la féminité.
Il suffisait de lui ôter ses langues venimeuses. Muette, elle ne pouvait plus leur lancer ses traits d'esprit cuisants, incendiaires, caustiques.
Et l'ordre patriarcal pouvait s'imposer en toute quéquiétude ; la Grèce, devenir le must du classisme (sinistre et ennuyeux, à raide mourir). Il n'y avait plus de Contradictrice, d'Adversaire et de Satanée rigolote et railleuse, armée jusqu'aux dents (et défenses). Le rire puissant avait disparu de la vie publique.
Méduse, carnassière et rieuse fut métamorphosée en symbole de l'hystérie poussant à faire un détour mais pas plus dangereuse que ça.
La flamme fut éteinte ; elle ne s'éteignit pas : nuance !
Les quéquettes et prunes scrotales pouvaient régner … non : dominer, sans risquer la moindre émasculation ni contestation pertinente, vigoureuse et dévastatrice.
Le texte sacré d'autres barbus pénorientaux témoigne, à son corps défendant (ha ha !), de la résistance des glabres femmes à l'ordre méprisablement stupide des patriarches, Zeus, Giove etc.
« Mes entrailles ! Mes entrailles ! Que je souffre ! » hurle Jérémie, prophète d'Israël (en 4, 19). L'endroit le plus innervé des entrailles se trouve dehors : dans le scrotum. Le barbu pénoriental a les couilles déchirées. Mais pourquoi ?
« Pourquoi te pardonnerais-je ? Tes fils m'ont abandonné, jurant par des dieux qui n'en sont pas. Je les rassasiais. Adultères devenaient-ils, se précipitant au bordel (la maison de la pro).
» Ce sont des chevaux repus et vagabonds, chacun hennit après la femme du voisin. »
Jérémie s'abstient, ici (5, 7-8), de préciser ici le comportement des voisines.
« Lève les yeux vers les monts chauves et regarde. Où ne t'es-tu pas livrée ? Tu étais là, pour eux, le long des chemins. Comme l'Arabe au désert, tu as profané le pays de tes prostitutions et forfaits. Aussi les pluies furent-elles retenues et l'ondée tardive ne vint plus. Mais tu conservais ton effronterie de stituée, refusant de rougir » jérémie-t-il (3, 2-3).
« Bon (au ventre) était le chemin que tu t'es tracé, hors du mien, pour quêter l'amour (sans issue ?) » Gainsbourg s'inspirait de Jérémie 2, 33.
– Je ne suis pas souillée ! Après les Baals, je n'ai pas couru.
– Comment oses-tu dire ça ? Regarde tes traces dans la vallée ; reconnais ce que tu as fait, chamelle écervelée courant partout, ânesse sauvage qui se plaît au désert. Tu es si ardente de désir que tu aspires le vent. Ton rut, qui le freinera ? Celui qui veut frotter ses flancs aux tiens trouve sans chercher. Et bénéficie de tes chaleurs. Prends garde ! Ton pied va se déchausser et ta gorge, se dessécher.
– Non ! Inutile ! j'aime les Étrangers et veux les courir.
Ce dialogue chargé d'érotisme campagnard et animalier, vous le trouverez (aisément) au chapitre 2, versets 23-26.
Les imprécations prophétiques finissent par se réaliser. Yahvé Sabaot le Dieu d'Israël, irrité à outrance, amène tout le malheur qu'il peut sur Jérusalem et les villes de Juda, aucune exceptée : « les voilà en ruines aujourd'hui et sans habitants. »
Après 587, Jérémie se retrouve en Égypte avec les Judéens exilés, qui se soucient du judaïsme et de la Loi comme de leurs premières selles (existait-il des langes ?) « Vous travaillez à votre propre extermination », les menace-t-il et : « toutes les nations de la terre vous raillent et maudissent. » Carrément ! Jérémie, c'est du boursouflé n'éclatant jamais.
« Avez-vous oublié les méfaits de vos pères, rois et princes, les vôtres et ceux de vos femmes, au pays de Juda et dans les rues de Jérusalem ? Aucune contrition n'est ressentie, aucune crainte. Personne ne marche au pas de ma Loi, selon mes Ordres. » Les principales menaces qui suivent consistent en famine, épée et peste. Du « reste de Juda venu séjourner au pays d'Égypte, pas un seul rescapé ni survivant n'en réchappera... » Bon, bref : que les infidèles crèvent tous !
Les reproches se précisent en 44, 15-19. Les jérémiades visent principalement qui ? Eh bien : les côtelettes d'Adam ! Ce qui est tout à l'honneur des Judéennes, qui encensent des dieux et déesses étrangers, au vu et su des Judéens.
Toutes les femmes présentes et les hommes, tout le peuple établi au pays d'Égypte, en nombre, répondent à Jérémie :
« Nous ne voulons pas t'écouter (obéir à Giove, autrement dit) : nous continuerons à faire tout ce que nous avons promis : offrir de l'encens à la Reine du Ciel et lui verser des libations. »
Reine du Ciel = Ishtar, annote la Jérusalem.
« Nous le faisions, nous et nos pères, rois et princes, au pays de Juda et dans les rues de Jérusalem : alors nous avions du pain à satiété, connaissions le bonheur et aucun malheur.
» Mais depuis que nous avons cessé d'offrir de l'encens à la Reine du Ciel et de lui verser des libations, nous avons manqué de tout et péri par l'épée et la famine. »
Se démarquant des Judéens, les femmes ajoutent : « D'ailleurs, nos maris savent que nous lui faisons des gâteaux qui la représentent. »
Bien plus, les fils ramassent le bois, les pères allument le feu et les femmes pétrissent la pâte pour faire des gâteaux en l’honneur de la Reine du Ciel.
Les gâteaux pétris en l'honneur d'Ishtar représentaient nue la déesse, précise la Jéru ; comme pour saler au noir, dirait-on.
Une terre cuite rosâtre et luisante, œuvre de Hannah Wilke, s'intitule avec autant d'ironie que possible “It was a lovely day” (ironie féroce, je trouve). Vu ce qu'elle représente, une traduction sans fausse pudeur hexago-franchouillarde s'impose : ce fut une journée d'amour. Amour au sens le plus concret et humide...
Elle ne date pas du XXIème siècle mais de l'an 1964. Il fallut cependant attendre 1966 pour qu'elle soit divulguée, la toute première fois étant à New-York, lors d'une exposition intitulée Three-Dimensional Art, à la Castagno Gallery (du 15 mars au 9 avril).
Hannah Wilke avait commencé à produire ce genre de “boîte” (pandorine) en terre cuite, avant 1960, au cours de ses études à la Tyler School of Art de Philadelphie. Dès son jeune âge, elle modelait la pâte, alimentaire : celle des pâtisseries orientales que sa mère, Selma Harriet Fabian Butter, préparait en l'initiant à cet art. Ou tradition. D'avant le Crucifié et la Loi.
À force de malaxer la terre, les mains de Hannah Wilke ont gagné en puissance et beauté.
À cet égard, l'artiste new-yorkaise ne manquait d'aucun atout physique pour être considérée à juste titre comme une Vénus de son époque. Mais elle avait de l'esprit, autant que Voltaire, aux termes de son aînée Lil Picard (Andy Warhol's Interview de janvier 1973). Et normément plus d'iconoclasme que l’ultra-religieux papiste pédé. Forcément : elle œuvrait de sa personne dans les arts visuels. Mais les profanes, elle.
Le titre de mère du Con'Art ne revient historiquement à personne d'autre qu'elle : audacieuse avec une rare élégance, impudique au possible, radicalement iconoclaste avec le judéo-crétinisme comme cible. Au contraire du très papimane Andy Warhol.
C'est elle qui l'a lancé, de manières autant consciente qu'assumée à plein, estiment les autorités en la matière.
Depuis son décès, le 28 janvier 1993 (elle n'était née que le 7 mars 1940), la Cunt Artist fondamentale n'a toujours pas reçu l'hommage ne fût-ce que d'un timbre poste. Vous savez : un avec de la gomme Arabique ; qu'on lèche...