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"Tous au bout !!!"




Tel était notre slogan au départ de l'UTMB place du Triangle de l'amitié à Chamonix, le vendredi 29 Août 2008.

Nous sommes quatre : Robert, Christian, Christophe et moi à prendre le départ de cette course réputée comme étant la plus dure au Monde.166 kms et 18.800 mètres de dénivelés cumulés.
Deux ans de préparation, et le jour J est arrivé.

18h30 le départ est donné, l'ambiance est extraordinaire, la musique me donne des frissons.

Chamonix - St Gervais, les 20 premiers kilomètres passent très vite.
La nuit tombe et nous attaquons la montée vers le col du Bonhomme, puis la descente vers les Chapieux.
Je suis bien, je marche, je cours, mais je suis vigilante car j'ai pris le départ avec une double entorse de la cheville droite, à peine guérie.



A 7h00 (du matin) nous sommes au col de Seigne.
La première nuit vient de s'achever.
Nous sommes en Italie et serons à Courmayeur à 11h30.
Nous changeons de tenue après 17 heures de course.

Robert vient me trouver et m'annonce qu'il arrête.
Il ne supporte plus la douleur qu’il a au genou (vieille blessure réveillée).
Je suis prise au dépourvu je n’ai pas le temps de réagir qu’il est déjà parti.
Je sais que pour lui, cette décision est très dure à prendre, mais quand le physique ne peut plus, il faut se résoudre et éviter le pire…

Sur le coup, je pleure, je suis un perdue, fatiguée aussi.
Mais je reprends le dessus en me disant je vais aller au bout pour lui.

Nous repartons en direction de Bertone.
La montée sous le soleil est terrible.
A 16h nous arrivons à Arnuva. 94 kms dans les jambes et toujours le moral.
Au ravitaillement je prends une soupe, un café, un morceau de pain et du fromage.
20h30 la Fouly (Suisse).
Nous repartons vers 21h pour notre 2ème nuit dans la montagne.
La météo est toujours aussi clémente. Nous arrivons à Champex.
Le lieu n'est pas très convivial pour les coureurs ; trop de monde et de bruit.
Au petit matin nous atteignons Trient. La descente est longue et éprouvante pour beaucoup d'entre nous, mais le moral est toujours là.

Nous sommes toujours tous les trois. 9h45 Vallorcine, je réussis à appeler Robert, qui attendait d'avoir de nos nouvelles pour rejoindre Chamonix, afin de nous accueillir.
Nous lui donnons une plage horaire entre 13h et 14h, nous arriverons à 14h15.
Nous entamons la dernière partie, le col des Montets, la Flegère et enfin la descente sur Chamonix.

Je suis toujours aussi lucide.
Les jambes vont bien, le moral est au beau fixe.
Je sens que l’arrivée est proche… retrouver Robert, et enfin passer sous l'arche !.

Je pensais pleurer de joie... eh bien NON !.
J'ai retrouvé Robert qui était ému de nous voir, et aurait tant aimé partager ce moment avec nous.
Mais, prise par l'euphorie du moment, j'ai juste crié !!!

43h45' de Bonheur.....

En partant je m'étais juste dit : je peux « souffrir » 46heures ! et comparé aux personnes qui souffrent toute leur vie…

En 2007 nous avions fait le tour du Mont Blanc en rando.
Je connaissais donc le parcours, et très souvent, le soir avant de m'endormir, je le visualisais du départ à l'arrivée.
Il parait que cela fait partie également de la préparation.
Sans aucune prétention, cette course, je savais que je la finirai.
J'avais une revanche à prendre sur la vie, et je voulais prouver que j'étais capable de tenir cet objectif.



C'est chose faite !
Maintenant je pense déjà à 2009.
Encore un objectif, améliorer mon chrono !
passer sous les 40 heures...

Arrivé à ce niveau de course, il parait que l'on devient accro....
Je confirme ! je prépare la Saintélyon, 70 kms entre Saint-Etienne et Lyon le 07 décembre.
Cette course a la particularité d'avoir un départ à minuit...