Jeannie Longo fête ses 50 ans......

Jeannie Longo fête, ce vendredi, ses cinquante ans.
L'Equipe Magazine a eu la bonne idée de lui rendre hommage en la nommant « rédactrice en chef exceptionnelle » du numéro (1373) de ce samedi.

«Oui, j'ai vieilli, mais je n'ai pas beaucoup changé» confie, dans un long entretien, l'une des sportives favorites des Français.

Depuis son premier titre de Championne de France, en 1979, Jeannie Longo a remporté 1 052 victoires, dont treize titres de Championne du Monde !

«Les danseurs étoiles arrêtent à 42 ans, je crois. À 50 ans, est-ce que cela fait bien d'être encore dans un peloton ? Je ne suis pas folle, j'ai conscience qu'il y a peut-être quand même des limites. J'ai surtout du mal à inventer l'avenir en général, même dans ma vie personnelle», avoue Jeannie Longo qui évite le mot tabou de « retraite ».

La désormais quinquagénaire évoque même les prochains Championnats du Monde 2009, en Suisse.
«Je suis déjà allée reconnaître le parcours. Le circuit sur route me paraît intéressant. (...) Ce qui me plaît, c'est qu'on termine avant l'arrivée par une côte longue et large. Ça pourrait me servir.»

Enfin, pour le plaisir, je vous propose l'édito rédigé par Madame Longo ...un magnifique plaidoyer pour le sport, le vrai sport et " LA BEAUTE DU GESTE "



La beauté du geste.

La cérémonie des jeux olympiques de Pékin durait déjà depuis plusieurs heures, il était tard, et « il » se faisait désirer.
Or, ma première épreuve allait se courir le surlendemain.
Je sombrais dans un premier sommeil lorsque je crus soudain que la véranda qui prolonge notre chambre du village olympique était en train d'exploser.

« Il » commençait enfin, ce fameux feu d'artifice, à quelques centaines de mètres de la hauteur du « Nid d'Oiseau ».
Grandiose, splendide, coruscant, (selon le dictionnaire : brillant , éclatant) indescriptible.
Ça pétait de toutes parts : le bruit me rappelait le tonnerre en pleine montagne, et je me précipitais dans la cage d'escalier pour ne rien rater du bouquet final, par un fenestrons placé derrière l'immeuble.
Du jamais vu. J'étais émue, subjuguée.

Je le fus beaucoup moins, 48 heures plus tard, au moment de disputer l'épreuve sur route.
Le parcours avait visiblement été choisi pour que les téléspectateurs puissent visionner, grâce aux images d'hélicoptères, les sites touristiques, la place Tian’an men et la merveilleuse muraille.
Personne ne semblait s'être soucié du profil de course, aux trois quarts plat et sans grand intérêt sportif...



L'ambiance n'était pas vraiment là non plus.
Le circuit final était inaccessible aux vrais supporters et, pour encourager nos exploits, on avait « posé » dans les 500 derniers mètres, sur de minuscules pliants en bois tous identiques, des figurants triés parmi les autochtones....
Ils étaient équipés d'un même éventail en papier et d'une bouteille d'eau de 33 cl.
Leur mission : faire la claque en évitant tout souci de SE-CU-RI-TE.
La cérémonie d'ouverture semblait si loin.
Ce n'était plus la fête, mais un spectacle sans âme, irréel.

De ces jeux de Pékin, j'ai donc gardé l'impression générale que l'idéal grec, « Citius, altius, fortius »,
(« plus vite, plus haut, plus fort »), s'appliquait désormais moins aux athlètes qu'aux organisateurs.
La Chine, en voulant démontrer à la terre entière qu'elle était désormais incontournable dans les domaines économique et politique, a peut-être franchi la limite où l'orchestration dépasse l'action, étouffe l'improvisation.

Après le krach financier, allons-nous assister à un krach sportif à force de démesure et d'excès ?

Mais les dirigeants chinois ne sont pas les seuls responsables de cette dérive...
Lorsqu'en cyclisme le début de course laissait tout loisir aux coureurs de récupérer de l'étape éprouvante de la veille en pédalant mollement, le tour de France semblait plus humain.
La prise d'antenne dès le départ supprime cet « échauffement », on montre les maillots dès les premiers kilomètres par des attaques, des échappées, pour satisfaire les partenaires.

Que penser des courses de Coupe du Monde de ski alpin organisées en nocturne sur des pistes éclairées, les slalomeurs étant contraints de partir s'échauffer à l'heure où la froidure s'abat sur la station ?

On s'amuse de moins en moins dans le sport de haut niveau.
Les juniors sont déjà sous contrat.
Les stars, souvent trop payées, ne sont plus pardonnées en cas d'échec.
Les organisateurs prient pour que leur seul événement soit épargné par des problèmes de sécurité, alors que le stade devient un lieu de moins en moins accessible et fréquentable pour le bon père de famille et ses enfants.

Dans quatre ans, aux jeux de Londres, peu importe que le feu d'artifice de la cérémonie d'ouverture soit moins bon que Pékin.
Je souhaite même que les organisateurs n'aient pas les moyens de surenchérir dans la démesure.
Messieurs les Anglais, tirez vos pétards, mais n'essayez pas de faire plus haut et plus fort que le bang des Chinois !
Mettez plutôt en avant vos valeurs traditionnelles : honneur, dignité, fair-play, flegme ...
Avec un brin de Rock et de Pop pour la fantaisie !
Replacez l’athlète et son sport au centre de vos préoccupations.
Plutôt que d'être obsédés par le rendement, le rendement, toujours le rendement, aidez le sport de haut niveau à redécouvrir ...
...la beauté du geste, l'acte gratuit.....

Jeannie LONGO




Allez, au plaisir de vous lire ...

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