«Une brève histoire de l’avenir» Jacques Attali




Voilà un livre qui ne peut laisser indifférent !!!
"Une brève histoire de l’avenir", est un essai à la fois fascinant et excitant mais aussi dérangeant et angoissant ...

Jacques Attali tente dans ce livre d'imaginer l'avenir (les 50 prochaines années) à partir de la connaissance encyclopédique qu'il a du passé et du présent.
Comme il le dit lui-même, l'exercice est difficile.
Nombreux s'y sont essayés, sans succès et parfois avec ridicule.

L'ouvrage commence par une magistrale histoire du monde - on n'en attendait pas moins de l'auteur.
Attali estime que l'histoire a été structurée par 8 grands pôles qui chacun ont correspondu à une grande innovation.
Bruges, Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, Londres, Boston, New-York et aujourd'hui Los Angeles.

Los Angeles
Selon lui, de siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur.
Autrement dit, l'histoire humaine est celle de l'émergence de la personne comme sujet de droit, autorisée à penser et à maîtriser son destin, libre de toute contrainte.
L'histoire tend vers l'émergence ce qu'il appelle une démocratie de marché, modèle universel.
Sur la base de cette analyse, Attali se lance dans une prédiction de l'avenir.

Voici le résumé de la quatrième de couverture :
« Jacques Attali raconte ici l'incroyable histoire des cinquante prochaines années telle qu'on peut l'imaginer à partir de tout ce que l'on sait de l'histoire et de la science.
Il dévoile la façon dont évolueront les rapports entre les nations et comment les bouleversements démographiques, les mouvements de population, les mutations du travail, les nouvelles formes du marché, le terrorisme, la violence, les changements climatiques, l'emprise croissante du religieux viendront chahuter notre quotidien.

Il révèle aussi comment des progrès techniques stupéfiants bouleverseront le travail, le loisir, l'éducation, la santé, les cultures et les systèmes politiques ; comment des mœurs aujourd'hui considérées comme scandaleuses seront un jour admises.
Il montre enfin qu'il serait possible d'aller vers l'abondance, d'éliminer la pauvreté, de faire profiter chacun équitablement des bienfaits de la technologie et de l'imagination marchande, de préserver la liberté de ses propres excès comme de ses ennemis, de laisser aux générations à venir un environnement mieux protégé, de faire naître, à partir de toutes les sagesses du monde, de nouvelles façons de vivre et de créer ensemble. »


Voici également un extrait de la conclusion qu'il est bon de méditer.



« .../... la France est assez riche pour sombrer lentement.

Les Français devraient tirer, dès maintenant, les conclusions de cette histoire de l’avenir, de ses ressorts, de ses menaces et de ses potentialités.
Ils devraient en déduire que, plus le temps passe, moins la politique aura les moyens d’influer sur le réel, et qu’il est encore possible, pendant quelques années, d’éviter le désastre, de tirer notre épingle du jeu par la mise en œuvre d’un programme d’urgence néces­saire, quelle que soit la majorité politique en place.

Je n’entends pas détailler ici l’ensemble des réformes qui s’imposent.
.../... Ces réformes tournent autour de deux idées :
- rendre à l’avenir ce qu’on lui a pris;
- permettre au pays de tirer le meilleur de l’avenir.

Permettre au pays de tirer le meilleur de l’avenir
Ces réformes qui découlent de toute l’histoire de l’avenir, racontée dans les chapitres précédents, s’organiseront dans six directions, énoncées ici sans ordre de priorité.

Promouvoir les technologies de l’avenir :
la recherche universitaire et industrielle devra se voir attribuer des moyens beaucoup plus importants, en particulier dans les domaines des nouveaux maté­riaux, des économies d’énergie, des véhicules hybrides, des piles à combustible, de l’utilisation de nouveaux carburants, des énergies renouvelables, des nanotechnologies, des autosurveilleurs, de l’ubiquité nomade et de l’urbanisme.

Créer une société équitable :
- il faudra organiser une mobilité équitabledu travail, par un véritable statut rémunéré de tout chercheur d’emploi ;
- réfor­mer profondément les services publics, pour les amener à servir en priorité les plus démunis ;
- pour être équitable avec les générations ultérieures, il faudra retarder l’âge de la retraite d’au moins six ans, y compris pour les salariés du secteur public, à l’exception des salariés exerçant des métiers pé­nibles ou dangereux pour autrui (ce qui, compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie, permettra à chacun de ceux qui travailleront en 2007 d’avoir devant eux autant d’années de retraite que ceux qui quittèrent leur dernier emploi en 1988) ;
- il faudra tenir compte de l’espérance de vie dans le calcul des cotisations et des pensions.
- Il fau­dra enfin accepter le principe de l’entrée sur le terri­toire de plusieurs centaines de milliers d’étrangers par an - et pas seulement d’étrangers détenant des diplômes.
- Pour réussir leur intégration, il faudra lancer une ambitieuse politique scolaire, culturelle et urbaine.
- Il faudra faire du logement social une priorité ; mettre en œuvre, en faveur des minorités dites visibles, une discrimination positive tempo­raire de sept ans, et limiter à la même durée l’ins­tauration de la parité hommes/femmes, autre forme de discrimination positive.

Renforcer l’efficacité du marché :
- il faudra mettre le pays en situation d’ubiquité nomade, c’est-à-dire construire les réseaux de communication - ports, trains, aéroports, réseaux de fibres optiques, infra­structures urbaines - nécessaires à la phase à venir de la neuvième forme ;
- mener une bataille frontale contre tout ce qui peut réduire la mobilité (drogues, alcool, obésité) ;
- promouvoir le goût du travail, de la concurrence, de l’effort, de la curiosité, de la mobi­lité, de la liberté, l’aspiration au changement, au neuf ;
- favoriser les nouvelles entreprises, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éduca­tion ;
- réduire la fiscalité du capital et de l’épargne, inciter à faire fortune par son travail ;
- favoriser la concurrence dans les services ;
- réduire les barrières à l’entrée de nombreuses professions ;
- mettre en place des systèmes de veille technologique ;
- attirer les investissements étrangers, en particulier dans les technologies de l’ubiquité nomade, de la santé et de l’éducation, des entreprises relationnelles ;
- donner une meilleure place aux plus innovants des agents publics ;
réduire et simplifier les structures adminis­tratives, en particulier en fusionnant régions et départements.

Créer, attirer et retenir une classe créative :
- il faudra doubler la dépense moyenne par étudiant, regrouper les universités, favoriser leur autonomie de gestion, encourager leurs relations avec le secteur privé ;
- faire en sorte que l’origine sociale ne pèse plus sur la réussite universitaire ni sur l’accès aux fonctions de responsabilité ;
- réformer le collège ou tout se joue ;
- développer les capacités des étudiants à transformer leurs savoirs en richesses concrètes ; - donner une deuxième et une troisième chance à ceux qui auraient échoué dans leurs études ;
- mener une très ferme politique de sécurité intérieure ;
- promouvoir la qualité de la vie sociale et culturelle dans les pôles de développement pour y attirer des élites venues du monde entier.
La promotion de l’esthétique urbaine, industrielle, sociale, sous toutes ses formes, sera fondamentale.

Renforcer les moyens de l’influence et de la souveraineté :

- il faudra faire de la promotion mondiale de la langue française, et de sa défense en France, une priorité majeure ; - doter l’armée de moyens de surveillance et d’intervention rapide ;
-concentrer l’aide au développement sur les pays qui le mériteront par les efforts qu’ils auront déployés pour se doter d’institutions démocratiques ; - définir une politique claire de développement de l’Europe de l’Est et de la Méditerranée, régions dont dépendra, dans le prochain demi-siècle, la sécurité de la France.
- Il faudra aller vers la limitation des transports individuels et une gestion plus rationnelle de l’eau, de l’énergie, des déchets et des ressources de la mer.
L’énergie nucléaire restera nécessaire.

Faire naître l’hyperdémocratie :
la France aura tout intérêt à aider à la naissance de l’hyperdémocratie
(forme ultime de la démocratie à la fois planétaire et participative) qui protégera ses valeurs et son existence même.

Elle devra donc proposer la création d’instances de gouvernance mondiale disposant de ressources propres, évoquées au chapitre précédent, en particulier par la fusion du G8 et du Conseil de sécurité.
A l’échelle européenne, elle devra inciter à la mise en place d’un véritable gouvernement continental, doté de compétences politiques, militaires et sociales - et pas seulement, comme aujourd’hui, éco­nomiques et monétaires.
Elle devra faire comprendre à ses partenaires que l’Europe est la mieux placée pour créer le premier espace d’harmonie relation­nelle de la planète.
L’État français conservera pour lui-même toutes les compétences nécessaires à l’inté­gration sociale, à la promotion de la langue, de la culture, de l’éducation ; il devra favoriser, fiscale­ment, financièrement, la constitution d’entreprises relationnelles de toute nature (des partis, des syndi­cats, des ONG, des associations, des réseaux coopé­ratifs réels ou virtuels, en particulier dans les activités d’éducation et de prévention).

Il faudra développer la démocratie participative, en particulier régionale, et organiser des espaces urbains et virtuels pour que s’ y rencontrent ceux qui ont envie de se rendre utiles et ceux qui peuvent offrir des occasions de l’être. Cette démocratie participative aidera à faire surgir des citoyens à la fois intégrés et fidèles à leurs commu­nautés.

Des citoyens capables de donner à la France les moyens de trouver la meilleure place dans l’his­toire de l’avenir.

Immense chantier dont chaque élément consti­tuera, à lui seul, une réforme majeure, en France comme ailleurs.
Si les futurs dirigeants de notre pays apprennent à comprendre les lois de l’histoire et analysent claire­ment les trois vagues de l’avenir, ils sauront faire en sorte qu’il soit encore possible de vivre heureux en France et d’y mettre en œuvre un idéal humain fait de mesure et d’ambition, de passion et d’élégance, d’optimisme et d’insolence.

Pour le plus grand bénéfice de l’humanité. »

Allez au plaisir de vous lire...

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