LEGENDAIRE Federer...


Magnifique article de Sophie DORGAN, de l'Equipe.fr ...
... pour saluer la grandiose performance de Monsieur Roger Federer !!!



Comme des collègues de travail à la machine à café, Roger Federer discute avec Pete Sampras, Rod Laver et Björn Borg à la sortie du court, juste après sa finale historique.
Suisse, Américain, Australien et Suédois parlent la même langue, celle des légendes du tennis avec cinquante-et-un titres du Grand Chelem dont vingt à Wimbledon à eux quatre.

Roger Federer vient de battre le record de Pete Sampras et se retrouve seul au monde avec quinze titres du Grand Chelem, gagnés sur quatre surfaces différentes.
Le décorum est parfait, le temple du tennis accueille avec respect et ferveur, le champion.
« Je suis heureux de battre ce record ici parce que c'est toujours le tournoi qui représente le plus de choses pour moi, explique le sextuple champion de Wimbledon avec une inscription explicite "il n'y a pas de ligne d'arrivée..." sur son tee-shirt. C'est comme si la boucle était bouclée. J'ai commencé ici et je finis ici même si ma carrière est loin d'être finie. »



Roger Federer aime tellement l'histoire qu'il a bien fait les choses en s'imposant (5-7, 7-6 [6], 7-6 [5], 3-6, 16-14 en 4h16') contre Andy Roddick.
Il aime tellement l'histoire qu'il vient aussi de battre le plus grand nombre d'aces dans un match à Wimbledon (50).
Il aime tellement l'histoire qu'il vient de s'imposer dans un dernier set historique en finale avec 30 jeux et 1h35' de combat.
Il aime tellement l'histoire qu'il redevient numéro 1 mondial après avoir cédé sa place à Rafael Nadal pendant 46 semaines.
Il aime tellement l'histoire qu'il devient le quatrième joueur de l'ère open à réaliser le doublé Roland-Garros/Wimbledon après Björn Borg, Rod Laver et Rafael Nadal.

« C'est beaucoup. Si je regarde un peu en arrière, je n'ai pas perdu depuis Rome. Cette série est incroyable avec le doublé Roland-Garros/Wimbledon. Ce sont des mois monstrueux dans ma carrière. Cela va être difficile de reproduire cela, j'en suis conscient, avoue le Suisse, heureux mais épuisé en conférence de presse. Mais je me réjouis pour la suite car j'adore jouer au tennis. »



La phrase de Rudyard Kipling, inscrite à l'entrée du court central et tirée du poème "Tu seras un homme, mon fils", résonne comme une prémonition :
« Si tu peux rencontrer triomphe après défaite et recevoir ces deux menteurs d'un même front... »
Après sa défaite (9-7) au cinquième set l'an dernier contre Rafael Nadal, Roger Federer reçoit sa victoire d'un même front face à la détresse de son adversaire, incroyable combattant pendant plus de quatre heures.



Il connaît la détresse d'Andy Roddick, il l'a vécue dans sa chair en 2008.
Il sait combien le tie-break du deuxième set va hanter les nuits de l'Américain.
«Le sport et le tennis en particulier sont parfois cruels, résume bien le Suisse. J'ai aussi perdu des finales de Grand Chelem en cinq sets, c'est dur. Mais je pense qu'il a été grand, il sort du court la tête haute. C'est un de nos meilleurs matches l'un contre l'autre. »

Digne mais profondément affecté, Andy Roddick la joue sobre dans sa conférence de presse.
A la question "Avez-vous perdu contre le meilleur joueur de tous les temps ?", la réponse est « Oui».
Pourriez-vous décrire votre match aujourd'hui ? « J'ai perdu.»
Pour un complément d'information, une phrase en dit beaucoup plus qu'un long discours : « S'il n'avait pas servi aussi bien, je serais probablement assis ici d'une meilleure humeur.»



Le roi des jeux décisifs a craqué à deux reprises dans son exercice de prédilection.
Dans la deuxième manche, il mène pourtant six points à deux avant d'encaisser six points d'affilée.
Et cette volée de revers complètement ratée à six points à cinq peut provoquer quelques cauchemars.
Malgré une légitime déception, il peut sortir la tête haute après un grand match où il a tenu la dragée haute au Suisse tout le match.
A 8-8 dans la cinquième set, Roger Federer sauve même deux balles de break grâce à deux grands services.
Andy Roddick tient jusqu'à 15-14 avant de craquer sur sa mise en jeu.

«Il avait boisé plusieurs balles dans ce jeu, je savais qu'il n'était plus si confiant, il était un peu fatigué. A ce moment-là, les yeux et le corps font des choses bizarres, illustre le champion. Il fallait espérer qu'il commette une faute. Pour moi, c'était difficile de l'agresser quand on a une chance tous les neufs jeux de service (sourires). J'ai joué avec de la patience et cela a marché. Il y avait une énorme joie.»



Le Suisse a attendu 4h16' avant de réaliser le break.
Comme tous les grands champions, il a choisi son moment.
Il vient d'écrire l'histoire avec une parfaite unité de temps, de lieu et d'actes.

Merci à Sophie DORGAN de l'équipe.fr pour ce très bel article ...



Allez, au plaisir de vous lire ...

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