Manager dans la tempête




J'ai eu l'heureux privilège , ainsi que cent cinquante managers membres du réseau Germe, d'assister à un débat avec la navigatrice Maud Fontenoy, sur le thème "Manager dans la tempête" ...

Déjà fervent admirateur de cette jeune femme pour ses différents exploits sportifs, je suis maintenant devenu un inconditionnel !! Ses propos sont d'une telle force...tout en simplicité... échange carrément décoiffant !!!

Voici, en exclusivité, quelques idées développées par Maud, lors de cette inoubliable journée...

Maud Fontenoy, seulement 32 ans, est la première femme à avoir traversé l’océan Atlantique Nord (2003) et le Pacifique (2005)... à la rame ! ; Puis a réalisé des traversées en solitaire et un tour du monde à contre courants en 2007.
Elle est aujourd'hui porte-parole de l’Unesco... vice-présidente du Conservatoire du Littoral… se bat pour protéger les océans qui l’ont vu grandir... et a crée une fondation : maudfontenoyfondation.com



« Si nous avons un rêve, un projet, un défi, l’important ce n’est pas le temps qu’on met à le réaliser, c’est de ne rien lâcher ! »

Tout au long de son parcours, environ 47 000 kms à contre-courants, Maud n’aura de cesse de mettre son « aucun rêve ne se réalise sans efforts » en pratique.
Ce défi est une véritable parabole pour témoigner du « ne laissez personne vous dire que c’est impossible », auprès des enfants qu'elle rencontre régulièrement.
Du cap Horn au cap Leeuwin, Maud va essuyer 26 dépressions, alors que, dans l’autre sens, dans des conditions acceptables, les navigateurs n’en traversent que... 4 ou 5 !

Après 4 mois de traversée, pensant être sortie d’affaire et manger son pain blanc, elle démâte…
Une nuit d’angoisse à entendre le mât claquer contre la coque, puis un lever fébrile au petit matin, et 10 heures d’efforts, sans boire ni manger, avec comme seule énergie la rage de ne pas abandonner, au nom de tous ceux qui la suivent, pour déblayer avec une scie à métaux le pont et ensuite se fabriquer, à grand renfort de bidons, un mat de fortune.
Sur sa voile, écrit à la main, « fais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité » de Saint-Exupéry.
Bien entendu, si le rêve est possible, c’est grâce aussi à toute l’équipe qui l'entoure.

Que nous explique-t-elle sur cette dernière très forte expérience ?

Cette aventure là, comme les autres d’ailleurs, n’a pas été simple… surtout quand on est une femme dans le milieu marin qui reste quand même très... masculin !
Traverser à la rame les océans... cela faisait ricaner, alors faire le tour du monde à contre-courants ... ce n’était pas vraiment pris au sérieux !

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Même si je suis seule sur l’eau, en fait, on n’est jamais vraiment seule … car derrière il y a une équipe, et c’est cette équipe qui permet de réussir.
 Le travail que vous réalisez pendant la préparation sur terre (exemple de la préparation avec la marine Nationale : survie, auto-médication, auto-opération), en équipe, c’est l'indispensable bagage que l'on embarque, c’est là que l’on puise les compétences qui vont, ensuite, servir une fois seule »

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Partir et vivre ce rêve, en étant seule sur le grand bleu … c’est quand même magique.
Partir seule, sur un immense bateau de 26 m, c'est étonnant, car quand on est au milieu des océans, le bateau devient tout petit...

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Dans les moments de galère, une seule solution… reste calme et garder son sang froid !
Et des moments de galères sur une traversée comme celle ci, il y en aura en permanence… seulement trois heures après le départ, une drisse se cassait dans le grand mât, les galères commençaient déjà ... Et ça, même si on s’y prépare ,on ne sait pas vraiment comment on va les gérer.


Qu’est-ce qui fait que je n'ai pas déclenché la balise ARGOS après le démâtage ?
J’ai beaucoup pensé aux enfants des cités que je suis allée voir avant mon départ.
Je leur disais « qu’il faut avoir un rêve, ne pas baisser les bras, ne jamais lâcher, ceux qui font la différence sont ceux qui se battent jusqu’au bout ».
Je me voyais donc mal tout laisser tomber !

Quand un problème grave arrive (comme le démâtage) , vous devez absolument morceler le problème, et avancer étape par étape...
…j’ai attendu une nuit, et le lendemain je me suis mis au boulot…avec cette rage intérieure ( en pensant, entre autres, à tous ceux qui m’avaient planté ...avant ), cette frustration vous donne des ailes, et quand on a des ailes... cela me permettait de rester concentrée, déterminée, organisée, puiser dans cette force intérieure.

On a, au fond de nous, une énergie incroyable, un potentiel immense … les moments les plus difficiles sont en même temps les meilleurs, car ils permettent d’aller chercher cette énergie insoupçonnée.
Ce n’est pas une question de gros bras, mais de volonté et de détermination, après ce n’est plus que de l’intendance…


Pourquoi parlez-vous toujours de rêves ?

Parce-que c’est ce qui manque aujourd’hui à notre société !
… je fais naviguer des enfants en rémission de cancer et je suis frappée de l’absence de rêves.
Les enfants n’ont plus de rêves…
La notion de rêve, la société et les familles ne l'apportent plus, c’est pourtant ce rêve qui nous donne des ailes et l’envie de nous dépasser.
Donc, tous les jeunes qui viennent sur mon bateau, n’ont pas le droit de quitter le bateau s’ils n’ont pas formulé un rêve !

Mon rêve à moi, c’était la mer... c’est un élément poétique, face auquel, dépossédée de tout, je ne me suis jamais sentie aussi riche… Sachez que la mer représente un poumon sur deux à l’échelle de la planète, beaucoup plus important que la forêt Amazonienne.




Comment sait-on que l'on est prêt pour le départ d'une telle épreuve ?

A votre avis …
…pourquoi tant de bateaux restent au port, à quai ?
... Pourquoi tant de livres ne sont jamais édités ? …
pourquoi tant de projets ne sont jamais réalisés ?
…etc…

Tout simplement parce que l’on est jamais prêt, jamais !!! On est jamais vraiment prêt, on est jamais sûr… mais à un moment, il faut se lancer !
Et même lorsque l’on pense avoir avoir tout préparé… il manquera toujours quelque chose !

Pour chacune de mes aventures, j’ai oublié des choses évidentes :

- Pour la traversée de l’Atlantique à la rame, j’avais tout en double, et bien je n’avais pas pris de brosse à dents...
J’ai utilisé une mini brosse pour les cils des yeux !

- Pour la traversée du Pacifique à la rame, j’avais oublié une pince à épiler…pour une femme c’est très important !
Mais ça, vous ne pouvez pas comprendre messieurs.`

-Quant au tour du monde, j’avais oublié un chargeur pour mon Ipod …catastrophe !!!
Mais rassurez vous ..
Il y a toujours un système D face à l’oubli et à l’imprévu.



En synthèse, que pourriez-vous nous dire pour manager dans la tempête ?

Ne laissez personne vous dire que c’est impossible !
L’homme est capable de faire des choses gigantesques.
On n’a pas forcément les mêmes chances, ni les mêmes capacités, on met parfois plus de temps, ça demande parfois plus d’organisation…je n'ai pas des gros bras et je ne suis pas un super héros
Mais tout se fait dans la tête...

Traverser un océan, c’est d’abord un coup de rame après un coup de rame, étape par étape.
Le tout est de commencer et de se lancer, et dès lors que l'on a commencé... aller au bout !

Il faut tout faire pour réaliser son rêve.
Etre soi-même, et devenir vraiment bon dans son domaine.
Etre bon… juste là !

Même si tout cela demande souvent beaucoup d’efforts, du temps, des sacrifices et de l’investissement.
Il faut être courageux et audacieux.
Tout est possible si l’on ose !



Encore merci pour toutes ces bonnes paroles... d'une jeune et grande Dame...

Allez, au plaisir de vous lire...

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