La force de l'inconscient ...

...notamment chez le bébé... pour l'apprentissage du langage !

Extrait d'article de Julie Coquart, découvert dans le journal du CNRS.


« Je pense donc je suis », disait Descartes.

Loin de vouloir mettre à mal la théorie cartésienne, force est de constater que la majorité de nos actions sont inconscientes.
Ou plutôt « non conscientes », tient à préciser Marc Jeannerod directeur de l'Institut des sciences cognitives.

« Lorsqu'on freine devant un obstacle en voiture, heureusement qu'il ne s'agit pas d'une action consciente, insiste le chercheur. Le temps de prendre la décision consciemment, et on l'aurait heurté ! »

Car, oui, être conscient, cela prend du temps !
Du coup, l'inconscient revêt une importance dans nos comportements, que l'on ne soupçonnait pas.
Bien plus qu'un simple appui à la conscience, il aurait une part prépondérante dans tous les processus cognitifs : 90 % de nos opérations mentales seraient inconscientes !

Mais pour énoncer de tels propos, encore faut-il en apporter la preuve.
Or, traquer l'inconscient, identifier ses bases cérébrales, concevoir des expériences qui mettent en évidence son importance n'est pas chose aisée.
C'est en effet souvent au niveau du protocole que le bât blesse dans les expérimentations sur la conscience et l'inconscient, et les chercheurs du CNRS en font tous les jours le constat.
« La seule chose que l'on puisse demander à une personne, c'est une tâche consciente, souligne à propos Franck Ramus.
, chercheur au Laboratoire des sciences cognitives et psycholinguistiques.
Nous ne pouvons pas lui demander de faire quelque chose inconsciemment.
Il nous revient donc d'inventer des méthodologies dont les résultats ne peuvent être interprétés que par la mise en jeu de processus non conscients. »


.../...

Un exemple de traitement inconscient est celui effectué par les bébés pour apprendre le langage : comment le perçoivent-ils ?
Comment arrivent-ils à différencier des langues ?

C'est sur ces questions que s'est penché Franck Ramus.
« Mes travaux ont mis en évidence une sensibilité très précoce des nouveau-nés au rythme du langage. »
La façon dont sont accentués les mots génère de fait un rythme, propre à une langue.

Les différentes langues sont ainsi classées en trois grands types :
- accentuelles:langues slaves : allemand, anglais…
- syllabiques :langues latines: français…
- moraïques: unité plus petite que la syllabe, comme dans le japonais.

Des nouveau-nés de quelques jours sont capables de distinguer deux langues, si et seulement si leur rythme diffère. L'expérience menée par le chercheur consistait à mesurer les différences de succion d'une tétine alors que les nourrissons écoutaient des phrases de japonais (moraïque) ou de néerlandais (accentuelle) « retravaillées » : seules subsistaient, en fait, les variations de rythme de ces deux langues, les autres différences ayant été supprimées.

Lors du passage d'une langue à l'autre, les chercheurs ont mesuré une augmentation de la fréquence de succion, signe que les nouveau-nés avaient repéré un changement.
« Toute l'acquisition du langage est un processus inconscient, insiste Franck Ramus. La capacité à repérer des unités dans la parole, à prêter attention à ses propres représentations mentales de la parole, ce qu'on appelle la conscience phonologique, émergent seulement vers les quatre à cinq ans. »

Repérer des unités dans le langage, c'est bien. Mais comment apprend-on réellement ? L'inconscient joue-t-il un rôle important dans l'apprentissage ?

« L'apprentissage implicite, explique Pierre Perruchet du Laboratoire d'étude de l'apprentissage et du développement (LEAD) de Dijon 4, peut se définir comme une situation où l'on apprend sans en avoir l'intention, et où l'on est incapable d'expliquer clairement ce qu'on a appris. »

Le psychologue s'intéresse au processus qui permet de repérer des règles grammaticales et syntaxiques dans une langue, et d'en distinguer les mots.
En temps normal, aucune pause dans l'élocution ne permet de scinder le langage en unités.
« Si on regarde un tracé d'enregistrement, les seules pauses visibles se trouvent devant les consonnes plosives comme k, b ou p, poursuit le chercheur. C'est pourquoi pour notre expérience, nous créons de toutes pièces un langage artificiel. Et on le fait écouter à des volontaires en leur disant explicitement de ne pas chercher à comprendre, mais d'écouter l'extrait comme un morceau de musique. »

Le texte est lu sans pause, sans intonation, les syllabes ont toutes la même longueur : aucun élément de prosodie ne permet de repérer des unités.
« À la fin du test, les étudiants ont cependant perçu des mots, et sont capables de retrouver le lexique de ce langage artificiel. »
L'hypothèse de Pierre Perruchet pour expliquer cette capacité :
« Nous exploitons les régularités statistiques présentes dans le langage : les syllabes souvent associées ont toutes les chances d'appartenir à un même mot. »
Comment ?
« Nous ne le savons pas encore exactement, mais nous sommes convaincus que ce genre d'apprentissage implicite est relativement indépendant des capacités intellectuelles des sujets », conclut-il.

Extrait d'article de Julie Coquart

Bref, notre inconscient travaille beaucoup plus qu'on ne l'imagine ! Et si nos vrais atouts se cachaient là, dans notre inconscient ?...

Allez, au plaisir de vous lire... ENJOY !

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