Cette nuit, la mer est noire ...


Le monde sportif français est endeuillé, et ceux qui comme moi aiment le sport sont sous le choc !!!
Parmi les 10 victimes du crash d'hélicoptère sur le tournage du jeu de TF1 Dropped, lundi en Argentine, figurent trois anciens athlètes tricolores : Camille Muffat, Florence Arthaud et Alexis Vastine.



La mort de Florence Arthaud m'a encore plus marqué, car elle m'a fait rêver lorsque j'étais adolescent.
Elle fait partie des grands marins qui m'ont fait aimer la mer, et la voile...
La navigatrice venait de terminer d'écrire ses mémoires quelques jours avant de perdre la vie.
Voici, pour lui rendre hommage, quelques extraits de "Cette nuit, la mer est noire" (sortie le 19 mars) qui résonnent particulièrement fort aujourd'hui.
Le Figaro Magazine les publie dans son édition de vendredi.

"Cette nuit, la mer est noire" est un bouleversant texte que Florence Arthaud a remis avant de partir en Argentine.
Elle ne s'était jamais autant confiée. L'idée du livre et le titre renvoient à cette nuit du 29 octobre 2011, quand la navigatrice fêtant son anniversaire à bord de son voilier est tombée en pleine mer, sans gilet de sauvetage.



Son premier amour

«(…) Le destin avait frappé à ma porte en 1976, aux États-Unis. (…) J'étais jeune. J'étais jolie. J'avais dix-huit ans, l'âge où l'on veut conquérir le monde, où l'on part sans hésiter à la poursuite de ses rêves (…). Il me regarda droit dans les yeux, me sourit et me dit: «Mademoiselle, voulez-vous traverser l'Atlantique avec moi?» Son nom était Jean-Claude Parisis (…) Il fut aussi mon premier amour. C'était la première fois que mon cœur battait à tout rompre. Durant cette traversée de l'Atlantique, j'allais trouver mon paradis, mon univers: la mer.»


Le plus beau souvenir de Flo et de tous les spectateurs privilégiés qui ont assisté à sa victoire lors de la Route du Rhum 1990, illuminé par le coucher de soleil guadeloupéen. © Thierry Martinez/Sea&Co.

L'océan, son seul compagnon

«J'ai mené une existence bien remplie, un peu tumultueuse, c'est vrai. Aucun homme ne m'a comblée autant que l'océan ; c'est la mer qui me fait vibrer, l'océan m'emporte. La vie de couple ne m'a jamais fait rêver. J'aime trop ma liberté!»

La mort de son frère

«J'ai perdu des amis très chers, mais aucune douleur n'égalera celle de la perte de mon frère Jean-Marie. Jean-Marie a mis fin à ses jours en 2001. Longtemps j'ai refusé de parler à nouveau de cette épreuve. J'ai même hésité à en parler encore dans ces pages. (…) Pendant des années, le seul fait d'avoir à prononcer son nom me nouait la gorge.»


A bord de Jet Services qui vient de pulvériser le record de la traversée de l’Atlantique avec (de gauche à droite) Patrick Morvan, Olivier de Kersauson, Éric Tabarly, Denis Gliksman et Florence Arthaud à la barre. © Collection particulière

Le jour où elle a failli mourir

«J'ai basculé en une fraction de seconde. Je suis dans l'eau. Il fait nuit noire. Je suis seule. Je tourne la tête en tous sens, instinctivement. Je vois mon bateau qui s'éloigne. Je cherche un repère. Une lueur. Un objet. Un signe de vie. Rien. Je suis absolument seule. Isolée dans l'immense masse sombre et mouvante de la mer. Dans quelques instants, la mer, ma raison de vivre, va devenir mon tombeau. Effacer toute trace de mon existence. M'engloutir. Je pense à ma fille Marie. (…) Dans les ténèbres liquides, l'effroi prend peu à peu possession de moi. (…) Au silence du grand large, au silence de la nuit, vient se joindre, effrayant, insupportable, cauchemardesque, ce silence de l'effroi, il se dresse devant moi telle une muraille infranchissable, un mur glacé qui signifie que je vais mourir. Je vais donc rejoindre le ciel. Ce ciel peuplé de milliard d'étoiles, de galaxies inconnues, d'amour, de bonheur et d'éternité.»


Grande conversation avec Bernard Moitessier sur son voilier en Polynésie : deux générations différentes mais un même souci de préserver l’environnement marin. © Collection particulière

Passionnément amoureuse de la vie

«En écrivant ces lignes, je me refuse à faire de ce livre un cimetière de marins. Pourtant, ils sont nombreux, ceux de mes amis qui ont disparu. Je suis une femme passionnément amoureuse de la vie. Amoureuse de la création. Amoureuse des êtres. L'amour a toujours été mon commencement et ma fin, mon alpha et mon oméga. Amour d'un jour, d'un soir. Amour espoir, désespoir. Amour éphémère, amour fidèle, infidèle. Amour passion, amour fusion, amour éternel, amour trahison. Amour jaloux, amour déçu, amour sexuel, amour bestial. L'amour a comblé ma vie tous les jours. Pourtant, la disparition de mes amis au fil des années laisse un goût de sel dans la bouche. En mer, je sens l'esprit de mes amis disparus planer à la surface des eaux.»


Sur Miss Dubonnet, Florence suscitait l’enthousiasme d’abord en solitaire pour la transat anglaise, puis en équipage pour La Baule-Dakar. © Collection particulière

Merci Madame Arthaud ....

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