Merci à Olivier PAULY de Ouest France pour cet Hommage à ce grand Homme ... le père Jaouen ...
Depuis 1968, le curé des mers faisait naviguer des jeunes en difficulté sur les voiliers Bel Espoir et Rara Avis. Il est décédé lundi, à 95 ans.
Tout en lui évoquait l’appel du large. Sa naissance à Ouessant en 1920, sa carrure massive, sa chevelure et ses traits marqués par le sel et le soleil, son franc-parler aussi. « Faire don de soi aux autres, c’est la seule expression de foi qui compte, rappelait souvent le père Jaouen… Tout le reste, c’est du baratin..! »
Le don de soi, Michel Jaouen l’a pratiqué plus que tout autre. Décédé lundi à 95 ans, à Paris, le prêtre jésuite est connu pour son œuvre immense au service de la jeunesse délinquante. « La mentalité jésuite pousse à l’action », résumait-il dans le livre Démerdez-vous pour être heureux ! qui lui avait été consacré en 2011.
Cela fait alors soixante ans qu’il a créé l’aumônerie des jeunes délinquants (AJD) transformée en association des Amis du jeudi dimanche quelques années plus tard. C’est l’AJD qui a servi de support à la mission que s’était donnée le père jésuite.
Pas de baratin
Plus de 15 000 jeunes délinquants ont embarqué, grâce à elle, sur les voiliers Bel Espoir I et II ou le Rara Avis. Pour retrouver goût à la vie, pour reprendre pied sur terre. « La prison ça sert à rien, sauf à coûter cher au contribuable, tonnait le « Pape des paumés », l’un de ses surnoms. C’est l’école du crime. »
Régulièrement, les deux navires larguent les amarres depuis Landéda, dans le Finistère. Direction le Cap Vert, la traversée de l’Atlantique, les Antilles ou la Réunion. A bord, tout le monde participe à la manœuvre, après avoir payé son billet au même prix. C’est l’école de la vie.
« Nous sommes attachés à cette règle, expliquait le père Jaouen. Ainsi, tout le monde est à égalité et « être l’égal de » est une façon de s’intégrer. » Les jeunes délinquants ou toxicomanes ne sont pas seuls. Stagiaires comme les autres, ils côtoient des retraités, des bénévoles, qui échangent avec eux.
« Faire avec les autres n’a pas de prix, ajoutait Michel Jaouen. Les jeunes aiment bien apprendre mais pour cela, il faut qu’ils soient avec des personnes qui aient vraiment quelque chose à leur transmettre. Si c’est du baratin ou des beaux discours, ils ne marchent pas. »
Sans subvention
Pragmatique, le père Jaouen savait que ces bateaux ne sont qu’un outil. Mais il savait en parler, les mettre en valeur, notamment dans la presse. L’AJD est ainsi devenue une association vivant sans subvention, se reposant uniquement sur la générosité et la fidélité de ses donateurs.
L’homme disparu, l’œuvre demeure. Même s’il l’incarnait totalement, entièrement. L’après-Jaouen, il l’évoquait d’ailleurs dans une pirouette : « Ils se démerderont… Ce ne sera plus mon problème. »
Merci à ce grand Homme
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