La Décima de Monsieur RINER !!!

JUDO - Teddy Riner est plus que jamais le roi du monde. Le Français a décroché samedi un dixième titre mondial en triomphant lors du championnat du monde toutes catégories à Marrakech. En finale, Riner s'est imposé grâce à deux waza-ari contre le Belge Toma Nikiforov pour s'offrir un 144e succès de rang et son deuxième titre en toutes catégories. Immense.

La finale en image !

 Entretien avec ce champion planétaire ...

Teddy Riner, cette nouvelle médaille de champion du monde a-t-elle une saveur particulière ?

Oui, parce que je n’aurais jamais imaginé dans ma vie obtenir dix titres aux championnats du monde ! Je n’ai pas eu le temps de savourer la neuvième médaille qu’il fallait déjà se projeter sur la suivante, et c’est chose faite. La dixième, c’est rejoindre au Panthéon les Rafael Nadal, Real de Madrid, les grands noms du sport. Ce n’était pas facile d’enchaîner après Budapest, je voyais tous mes camarades profiter, et moi, je ne pouvais pas. Alors là, je peux vous dire que vais profiter ! Mais je vais quand même faire attention à moi, car je tiens à monter sur les Jeux olympiques de Tokyo… C’est en tout cas beaucoup de plaisir, d’émotion devant ma famille, toutes les conditions étaient réunies pour que j’arrive à aller chercher cette médaille. Comme je le dis toujours, chaque titre, chaque médaille, chaque compétition est toujours différente et aujourd’hui je suis très content.

Pour quelle raison ?

Parce que j’ai réussi à m’exprimer. J’étais détendu sur mon judo, j’ai trouvé des solutions qui me tenaient à cœur, et gagner un dixième titre avec la manière quand même parce que j’ai réussi à faire tomber tous mes adversaires, c’est du plaisir, de la fierté, c’est le moment de savourer… Parfois, on émet des doutes sur moi, on dit que je prends de longues vacances, mais aujourd’hui c’était important de montrer que je ne suis pas seul dans ma catégorie, qu’il faut savoir faire du judo, et que même quand les -100 kg viennent c’est moi le patron. Je travaille pour ça, et cette médaille en est la concrétisation. Mais attention, ce n’est pas fini !

Votre famille avait fait le déplacement en nombre. Cela ne vous ajoute-t-il pas une pression supplémentaire ?

J'ai l'habitude. Depuis mes premières compétitions, ma famille a toujours été présente. Après, le clan s'est construit, a grandi. Aujourd'hui, ils étaient 65, 70 ! Mes grands-parents, mes parents, mon parrain, ma marraine, et bien sûr ma femme et mon fils, tous les gens qui comptent pour moi étaient là aujourd’hui. Mon fils n’a que 3 ans mais j’espère qu’il se souviendra de ce jour là. Ca fait plaisir, c'est mon poumon, mon second souffle. Je me dis toujours que je n'ai pas le droit de les décevoir. Certains ont fait 8000 km !

Cette dixième semblait tellement symbolique à vos yeux qu’on a l’impression que onze, douze, auraient peu d’importance et que seul compte un nouveau titre olympique…

Oui, bien sûr, le titre olympique est le plus important maintenant ! Je suis gourmand, mais j’aimerais bien, si on pouvait m’aider, si je pouvais bénéficier encore d’un petit coup de pouce pour parvenir à un troisième titre olympique ce serait cool… Bon, je sais ce qu’il me reste à faire, mais avant j’ai envie de profiter.

La différence par rapport à Budapest, ce sont les deux mois d’entraînement pleins, quand en Hongrie vous étiez en manque de repères ?

Non, parce que pour arriver à Budapest je m’étais entraîné comme un malade. Mais oui, je manquais de repères, ne pas avoir eu d’adversaires pendant un an entre les mains, ça laisse des questions en suspens. C’est pour ça qu’après, comme il me manquait des choses, je suis allé à Zagreb (au Grand Chelem, qu’il gagne), et je m’étais inscrit à deux autres Grand Chelems derrière, où Franck (Chambily, son entraîneur fédéral) a préféré ne pas m’envoyer parce qu’après les Mondiaux de Budapest j’étais fatigué. Je suis parti à Lima défendre le dossier Paris 2024 en tant que co-président de la commission des athlètes, j’ai eu quelques jours de médias intenses, pas de vacances, un planning assez chargé… À un moment on aurait pu frôler la catastrophe parce que j’ai failli me blesser plusieurs fois. Mais voilà : on est le 11 novembre, j’ai un dixième titre, j’ai hâte d’être avec ma famille pour en profiter puisqu’ils sont tous là.

En finale face au Belge, on a senti que vous vouliez gagner par ippon, et que vous avez mis un coup d’accélérateur…

Je voulais gagner par ippon, oui. Mais parfois, on fait des ippons, et ça fait des waza (waza ari, 1 point et non 10 comme ippon). Il faut faire avec. L’essentiel est que j’ai réussi à m’exprimer, à prendre du plaisir. Je vais prendre le temps de récupérer de tout ça, et de revenir tranquillement pour vraiment me consacrer à mon objectif, ce que j’ai en ligne de mire : Tokyo 2020.

De quel combat êtes-vous le plus satisfait ?

De tous, parce que sur chacun j’ai pris du plaisir, j’ai réussi à faire tomber chacun de mes adversaires et c’est le plus important. C’est ça qui est jouissif pour moi. Même à l’entraînement, je suis très frustré quand je ne parviens pas à faire tomber, et mes entraîneurs pourront le confirmer : ce sont eux qui me calment car pour moi, l’entraînement, c’est se dépasser, aller chercher le meilleur niveau, progresser, et certains viennent pour bloquer, mettre les bras et pas pour construire des choses…

On vous reverra sur des championnats du monde d’ici là ?

Là, je fais un gros point d’interrogation (il le dessine dans l’air de sa main).

Cette journée, on vous a senti presque intouchable, tout était en place, vous étiez au point physiquement…Tout peut arriver… Le sport, c’est aléatoire, il suffit de se déconcentrer un dixième de seconde et le combat vous file entre les mains. Aujourd’hui, je suis resté concentré, de A à Z, je m’étais vraiment préparé pour cette dixième et je suis venu pour ça, c’est chose faite et je vois aussi cette fierté dans les yeux de tous ceux qui m’encadrent. D’ailleurs, je vais en profiter, puisque c’est la cerise sur le gâteau après plusieurs années sur le circuit, je veux remercier tous les entraîneurs qui ont contribué pendant ma carrière à arriver à ce niveau, y compris ceux qui ne m’ont eu qu’un mois ou deux entre les mains. Ces médailles, messieurs, c’est le fruit du travail effectué avec vous, merci !

On pensait que le Géorgien, Tushishvili, pouvait vous embêter pendant cette Olympiade comme il l’a fait à Budapest en demie, et là il y a eu mise au point !

Il y a eu mise au point, mais c’est un excellent combattant. C’est le seul que j’ai félicité sur le tapis, tout de suite après avoir gagné. Aujourd’hui, c’était moi, à Budapest je rentrais d’un an d’arrêt et il n’était pas facile de trouver des ouvertures et des sensations. Là, j’étais plus en jambes, mieux, j’ai réussi à m’exprimer.

Étiez-vous à 100 % ?

Non. Je n’étais pas encore à 100 %. C’est ça, le truc qui me rassure et ne me rassure pas à la fois, je me demande : quand est-ce que je parviendrai à être à 100 % et relâché ? Relâché, je l’étais aujourd’hui, c’est déjà ça. Donc, c’est bien dans ma progression, mais peut mieux faire. Parce que si je continue, c’est pour ça. Pour connaître de belles journées comme celle-ci certes, mais avec encore plus de relâchement, de prise de plaisir ! Il faut me laisser le temps, je n’ai que 28 ans, à 16-17 ans j’étais déjà sur les circuits internationaux, et c’est déjà bien d’avoir cette dixième médaille ! Il faut relativiser, on ne peut pas tout avoir...

Allez, au plaisir de vous lire ... Enjoy et merci Monsieur RINER.

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