L’essentiel n’est pas de vivre longtemps mais pleinement.

Pour finir cette année en beauté, je vous propose la lettre 93 de Sénèque à Lucilius, célèbre pour ses satires.

Sénèque était lui, un homme politique et philosophe reconnu. C'était une Grande Star à la cour impériale de Rome.  Le milieu politique est rarement un univers très sain d’esprit, mais sous les règnes successifs de Caligula, Claude et Néron, cela l’était d’autant moins. C’était un champ de bataille perpétuel. A ce jeu, Sénèque a su tirer son épingle sous leur régne, en faisant assassiner ses ennemis tout en accumulant une fortune de près de 300 millions de sesterces (l’équivalent de plus ou 280 millions d’€), ce qui était colossal pour l’époque.

Par sa fortune et sa position privilégiée, Sénèque finit par attiser la convoitise et se fait des ennemis qui réussiront à retourner Néron contre lui. Le jeune Empereur prendra son ancien mentor en haine, jusqu’à tenter de l’empoisonner. Sénèque n’a d’autre choix que de plier bagages et de quitter la cour. Il sait ses jours comptés, car Néron ne le laissera pas prendre une retraite paisible. C’est le temps du grand bilan de vie pour Sénèque et le retour à sa première vocation : la philosophie.

Voici cette lettre à Lucilius ... A méditer ! 

“ L’essentiel n’est pas de vivre longtemps mais pleinement. Vivras-tu longtemps c’est l’affaire du destin. Pleinement c’est l’affaire de ton âme. La vie est longue si elle est remplie. (...) De quoi servent à cet homme quatre-vingt ans passés à ne rien faire. Cet être n’a pas vécu il s’est attardé dans la vie. Il n’est pas mort tard mais il a mis longtemps à mourir. Il a vécu quatre vingt-ans : je voudrais savoir de quel jour tu dates sa fin. Mais celui-là est mort en pleine force : lui, du moins, s’est acquitté des devoirs d’un bon citoyen, d’un bon ami, d’un bon fils; il ne s’est relâché sur aucun point. S’il n’a pas atteint le terme de son âge, l’oeuvre de sa vie est terminée. L’autre a vécu quatre vingt-ans : non, il a duré quatre-vingt ans, à moins que tu n’entendes qu’il a vécu de la façon dont on dit que les végétaux vivent ?

Je t’en conjure, Lucilius: faisons en sorte que, comme les matières précieuses, notre vie, au défaut du volume, vaille par le poids. Mesurons là à son activité réelle pas sa durée.... L'un vit encore après qu'il n'est plus ; l'autre, avant de mourir, avait cessé d'être.”

Allez, au plaisir de vous lire, enjoy !

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