Qu'est-ce qui fait une bonne équipe ? Et est-ce qu'une bonne équipe est forcément victorieuse ? A un mois du début de la Coupe du Monde de Rugby, l'entraîneur du XV de France nous invite à méditer sur les trois principes qu'il s'est fixés comme objectifs : "rassembler, fédérer, partager".
Vers la 10ème minute de cet interview, vous découvrirez qu'il y a une fois de plus un regard spécifique sur les forces pour réussir cette dynamique collective !!!
L'histoire du collectif, par Charles Pépin
L'histoire du collectif est l’histoire d’un homme. Il se demande comment on fait une belle équipe, comment on bâtit un collectif, comment on fait de l’unité avec de la diversité . Au début, il a une idée qu’il trouve pas mal du tout : il va prendre les meilleurs, les meilleurs à chaque poste, et il va les réunir ; il va additionner les talents pour faire la meilleure équipe du monde. Il s’y met le cœur en joie, recrute des individus, sélectionne des perles, des experts ultra compétents chacun dans leur domaine. Son projet, c’est une entreprise à mission, une équipe de handball, l’équipage d’un bateau, un parti politique, peu importe… la seule chose qui compte, c’est cette lumière qui vient un jour… Est-ce qu’elle vient parce qu’il s’ouvre au sens même du mot équipe ? Comment peut-on réussir à faire équipe si l’on est obsédé par les talents *i ndividuels* ?** Est-ce qu’elle est venue ce soir là, devant sa télévision, quand le PSG a encore perdu en quarts de finale de la Ligue des Champions ? Ils ont beau prendre les meilleurs et les additionner, ça ne fait toujours pas la meilleure équipe du monde… Est-ce qu’elle est venue le jour où, pour la première fois, il a vraiment regardé un vol d’oies sauvages dans le ciel immaculé ? Ce fut comme une révélation : une belle équipe, c’est plus qu’une somme de talents, ce n’est pas une somme de talents. Une belle équipe n’est pas une addition, mais une mission . Il faut sortir de l’arithmétique pour comprendre ce qu’est une belle équipe : sortir de l’arithmétique, et entrer dans la mystique. Que chacun ne soit pas lui, mais plus que lui, les yeux tournés vers l’horizon. Que chacun ne soit pas lui, mais aussi moins que lui, capable de s’oublier que pour vive le collectif, de s’oublier, de s’effacer ou au moins de se mettre à son service . Une somme d’égos ne sera jamais qu’une somme d’egos : que chacun s’aime moins que le collectif, que chacun ait confiance en le groupe d’avantage encore qu’en lui-même, voilà le secret des grandes équipes. 1+1 = 3 n’est pas seulement une marque de vêtements pour femmes enceintes. C’est la vérité même de l’être ensemble. Mais dans une époque qui nous demande sans cesse d’être nous-mêmes, savons-nous encore être ensemble ?
Pour parler de la magie de l’être ensemble et du nécessaire passage de l’arithmétique à la mystique , nous recevons celui qui fut en 2002 le meilleur joueur de rugby du monde, aujourd’hui l’entraîneur de l'équipe du XV de France, Fabien Galthié . Il nous a rejoint dans la caverne de France Inter, sous le soleil de Platon, un mois avant le début de la Coupe du Monde de Rugby, que ses joueurs et lui ont tout simplement l’ambition de gagner, pour nous aider à réfléchir à cette belle question : qu’est-ce qu’une belle équipe ?
L'histoire du collectif, par Charles Pépin
L'histoire du collectif est l’histoire d’un homme. Il se demande comment on fait une belle équipe, comment on bâtit un collectif, comment on fait de l’unité avec de la diversité . Au début, il a une idée qu’il trouve pas mal du tout : il va prendre les meilleurs, les meilleurs à chaque poste, et il va les réunir ; il va additionner les talents pour faire la meilleure équipe du monde. Il s’y met le cœur en joie, recrute des individus, sélectionne des perles, des experts ultra compétents chacun dans leur domaine. Son projet, c’est une entreprise à mission, une équipe de handball, l’équipage d’un bateau, un parti politique, peu importe… la seule chose qui compte, c’est cette lumière qui vient un jour… Est-ce qu’elle vient parce qu’il s’ouvre au sens même du mot équipe ? Comment peut-on réussir à faire équipe si l’on est obsédé par les talents *i ndividuels* ?** Est-ce qu’elle est venue ce soir là, devant sa télévision, quand le PSG a encore perdu en quarts de finale de la Ligue des Champions ? Ils ont beau prendre les meilleurs et les additionner, ça ne fait toujours pas la meilleure équipe du monde… Est-ce qu’elle est venue le jour où, pour la première fois, il a vraiment regardé un vol d’oies sauvages dans le ciel immaculé ? Ce fut comme une révélation : une belle équipe, c’est plus qu’une somme de talents, ce n’est pas une somme de talents. Une belle équipe n’est pas une addition, mais une mission . Il faut sortir de l’arithmétique pour comprendre ce qu’est une belle équipe : sortir de l’arithmétique, et entrer dans la mystique. Que chacun ne soit pas lui, mais plus que lui, les yeux tournés vers l’horizon. Que chacun ne soit pas lui, mais aussi moins que lui, capable de s’oublier que pour vive le collectif, de s’oublier, de s’effacer ou au moins de se mettre à son service . Une somme d’égos ne sera jamais qu’une somme d’egos : que chacun s’aime moins que le collectif, que chacun ait confiance en le groupe d’avantage encore qu’en lui-même, voilà le secret des grandes équipes. 1+1 = 3 n’est pas seulement une marque de vêtements pour femmes enceintes. C’est la vérité même de l’être ensemble. Mais dans une époque qui nous demande sans cesse d’être nous-mêmes, savons-nous encore être ensemble ?
Pour parler de la magie de l’être ensemble et du nécessaire passage de l’arithmétique à la mystique , nous recevons celui qui fut en 2002 le meilleur joueur de rugby du monde, aujourd’hui l’entraîneur de l'équipe du XV de France, Fabien Galthié . Il nous a rejoint dans la caverne de France Inter, sous le soleil de Platon, un mois avant le début de la Coupe du Monde de Rugby, que ses joueurs et lui ont tout simplement l’ambition de gagner, pour nous aider à réfléchir à cette belle question : qu’est-ce qu’une belle équipe ?
En trois années, Fabien Galthié a réussi à construire une équipe qui gagne à nouveau. Les chiffres sont là : on est passé de 33% à 80% de victoires et même 95 sur les deux dernières années. Fort de son vécu et de son expérience, le sélectionneur a construit une belle équipe. Mais est ce qu'une belle équipe est une équipe qui gagne ?
"Lorsqu'on prend la responsabilité de construire l'équipe de France, la mission de c'est gagner les matches, donc faire une belle équipe qui va gagner des matches. Donc la construction et le projet, c'était ça : rassembler des individus autour d'un même projet, fédérer pour quelque chose de fort."
Au moment où il accepte le défi, il y a des tensions entre la Ligue nationale et la Fédération qui représente les 2000 clubs français, mais l'équipe de France, suite aux importantes transformations qu'à vécu le rugby français ces dernières années.
"On voulait embarquer le maximum de passionnés derrière nous. D'abord nos familles. On savait qu'elles allaient nous suivre et puis après, on va embarquer ce qui ont envie de nous suivre, ceux qui nous aiment et ceux qui nous supporte. Et donc on s'est toujours adressé, avec la même intensité, à ceux qui nous suivaient. On n'a pas cherché à régler des conflits, on est resté sur "rassembler, fédérer, partager" et après une ambition qui était gagner des matches, très vite, gagner des compétitions très vite et redevenir une nation majeure du rugby mondial, c'est-à-dire rentrer dans le top trois mondial, ce qu'on a fait au bout de deux ans."
Reflet de la diversité
"Une diversité sociale, culturelle, et même religieuse" précise Fabien Galthié. "On associe une mixité qui ressemble à notre société, puisque le rugby, qui était très rural et universitaire, est devenu aussi un rugby des villes urbaines et des banlieues et qui permet entre guillemets, à ceux qui ont du talent et ceux qui ont envie de gravir les échelons et de venir représenter la France et le rugby français."
Et pour le premier rassemblement, le sélectionneur emmène tout ce petit monde dans son Lot natal. Depuis, l'équipe de France se délocalise souvent pour s'entraîner et jouer avec des équipes plus ou moins capées de tous les coins de l'hexagone : "On a senti qu'on parlait en fait à tout le rugby français."
Avec son équipe, Fabien Galthié met en place de nouvelle manière de travailler : "On a beaucoup travaillé sur le cerveau émotionnel et sur l'apprentissage de la compétition et comment on pouvait être un peu plus solide lors de l'épreuve. Pas des compétences techniques, pas des compétences stratégiques, mais des compétences émotionnelles."
La flèche du temps
C'est une expression qui revient souvent dans le langage de Fabien Galthié et qu'il nous explique : "C'est facile. On a le calendrier dix ans à l'avance, donc on a posé toutes les échéances, c'est à dire les projets, c'est à dire les matches, les tests matchs. On en avait 35. Et ensuite, on a quatre matchs amicaux. Ce sont des warm up game, avant la compétition et puis sept matchs jusqu'à la finale en Coupe du monde à jouer et on sera allé au bout de cette flèche du temps."
Mais ce n'est pas tout, il y a la flèche du temps du joueur. Lorsque Fabien Galthié sélectionne un joueur, c'est un voyage dans le temps qu'il va faire avec lui : "On sait très bien qu'il va y avoir du turn over. C'est une sélection, donc comme on ne ferme pas le vestiaire, les révélations peuvent arriver. Et puis il y a les maladies, il y a les blessures, il y a les faits divers. Mais sur quatre années, on a quand même conservé, par rapport à notre quinze de départ, quasiment 70 % de notre collectif. On a été cohérent. On a bien sélectionné et on a ouvert la porte à l'émulation. Cette flèche du temps, c'est une vision partagée jusqu'à la Coupe du monde, une ambition partagée, un rêve et puis aussi une croissance individuelle."
"C'est une promesse de compétence individuelle associée à une compétence collective."
Allez enjoy et au plaisir de vous lire ...
