L'adaptation est bien la qualité première de l'entraineur... Patrice Bergues.

Ancien entraineur et Directeur Sportif de Lens, membre de la Direction Technique Nationale, Adjoint de Gérard Houllier à Liverpool et Lyon... Patrice Bergues "le passionné", "l'expérimenté", qui de sa voix grave et chaleureuse sait si bien nous entrainer dans son univers pour nous partager son expèrience, ses méthodes de travail, entre sérieux et décontraction...... Merci à toi, Patrice, d'avoir accepté de livrer chaque semaine sur ce site, ton regard sur l'actualité du football que tu connais si bien !

Les championnats européens se sont arrêtés pendant pratiquement deux semaines pour permettre les qualifications au prochain championnat d’Europe. Pour tous les entraîneurs, ces périodes sont spéciales ; car selon le nombre de joueurs appelés en sélection, ils vont devoir adapter leur travail.
L’adaptation est bien la qualité première de l’entraîneur ! !

Cette trêve commence toujours par quelques jours de repos pour les joueurs ne partant pas en sélection, de façon à pouvoir travailler sur de la fraîcheur physique. Cette année il faut digérer un début de saison très copieux et se préparer à une nouvelle série de 7 matches avant la trêve de la mi-Novembre.
Comme le groupe n’est pas au complet, le travail est surtout axé sur la régénération sur le plan physique et sur du travail technique. Physique ment il s’agira de « remettre du carburant dans le moteur » par un travail aérobie, notamment des footings, et aussi un travail sur le plan musculaire.
Techniquement, l’entraîneur va mettre l’accent sur le travail spécifique, à savoir la technique en fonction du poste des joueurs ; par exemple
- centres pour les joueurs de côté
- jeu devant le but pour les attaquant
- contrôles et passes pour les milieux

Dans cette période l’entraîneur doit être attentif à l’ambiance dans le groupe ; en effet, parmi les joueurs présents, certains sont déçus de ne pas être en sélection et le fait que le niveau dans l’entraînement baisse du fait de l’absence des meilleurs joueurs amène souvent un manque d’enthousiasme !
L’ambiance est aussi tributaire des résultats, une victoire avant la trêve est synonyme de travail dans la bonne humeur ! L’entraîneur va beaucoup s’appuyer sur des formes ludiques de façon à entretenir ou à ramener l’enthousiasme nécessaire à la qualité des séances.

Ces coupures sont des moments importants pour les clubs. Ils permettent de remettre les choses en place, de rectifier le tir quand les résultats n’ont pas été à la hauteur, ou de récupérer et de peaufiner les réglages quand les performances ont été au rendez-vous !
Les clubs avec peu de sélectionnés tels Le Mans, Lorient ou même Nancy vont pouvoir effectuer un travail plus complet car collectif, à la différence de clubs comme Lyon, Marseille où l’essentiel du travail est individuel.

Durant ma période lensoise, j’aimais beaucoup ces coupures, car à l’époque peu de joueurs étaient concernés par les sélections, et cela me permettait de faire des mini-stages , au Touquet le plus souvent, pendant lesquels on se « refaisait une santé » grâce aux soins de thalasso et de longs footings en respirant l’air iodée de la station balnéaire ; de plus ces trêves étaient aussi l’occasion d’activités extra foot-ball, tels char à voile, karting, à travers lesquelles les joueurs donnaient libre cours à leur tempérament de compétiteur !

A Lyon , par contre, ces périodes étaient plus délicates à gérer ; les joueurs étaient très peu nombreux et se voyaient comme les mauvais élèves de la classe ; il fallait faire preuve de beaucoup d’imagination pour garder une bonne qualité de travail !

Mais la plus grande difficulté rencontrée par les clubs riches en internationaux réside dans la préparation du match de championnat qui suit cette trêve ; en effet les sélectionnés rentrent généralement quarante huit heures avant le match, certains ayant beaucoup joué et d’autres pas du tout.
L’entraîneur doit alors reconcentrer tout le monde en une séance !
C’est pourquoi dans ces clubs il est important d’avoir des effectifs conséquents.
Bien sûr, un entraîneur souhaite posséder dans son effectif les meilleurs joueurs, donc des internationaux ; le revers de la médaille est que ces joueurs sont les plus sollicités, à la fois par leur club et aussi la sélection.
Il faudra à un moment ou un autre les faire souffler pour leur permettre de rester à leur meilleur niveau et aussi et surtout pour éviter la blessure.
A ce propos, il sera intéressant d’observer, dans les prochains jours, la gestion de K Benzema qui vient d’enchaîner avec brio matches de Ligue 1, Champion’s League et matches internationaux ! !

Pas facile d'être entraîneur, n'est ce pas ?

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