A chacun sa place et son talent ..


Lorsque des passionnés de football me parlent de mon séjour en Angleterre, ils me questionnent souvent sur le fonctionnement des clubs outre-Manche et me font part de leur étonnement quant au fait de pas connaître le nom des présidents, alors qu'en France on parle de l'équipe de Jean Michel Aulas ou de Gervais Martel pour évoquer Lyon ou Lens.

Alors effectivement pourquoi ?

Après mon expérience d'entraîneur du RC Lens, puis deux années passées comme entraîneur national à la FFF, je suis parti à Liverpool avec Gérard Houllier.
Le premier contact avec Peter Robinson, Chef-executive (sorte de président délégué), figure emblématique du Liverpool FC, fut assez étrange !
Avant de décider de me faire venir aux cotés de Gérard, une rencontre eut lieu à Paris dans un restaurant ; il me posa quelques questions sur mon parcours, sur ma façon de voir le football, et surtout marqua de longs silences en me fixant, ce qui me paralysa complètement ! Je me disais intérieurement : " Il n'a pas l'air très emballé par mes propos", quand soudain il s'est levé : "OK, you're with us !" (tu es des nôtres!) et me donna une solide poignée de main. J'étais stupéfais !
Ce fut ma première rencontre avec un dirigeant du club et la seule fois pendant de longs mois.

En effet, à Liverpool comme dans la majorité des clubs anglais, il existe deux centres de vie distincts, celui des dirigeants situé au stade et celui du secteur technique situé au centre d'entraînement.
Au stade sont rassemblés les secteurs administratif, financier et commercial, alors qu'au centre d'entraînement on ne trouve que joueurs, staffs technique, médical et le personnel d'entretien des terrains et de restauration. Le seul dirigeant étant le manager du club, véritable patron des lieux.
Cette distance entre dirigeants et joueurs, entraîneurs, est visible lors des matchs notamment ; à l'extérieur l'équipe se déplace la veille, le plus souvent en bus, alors que les dirigeants voyagent le matin du match pour se rendre à l'invitation de leurs homologues et partager un repas.
Chacun joue sa partition, les dirigeants représentent le club, supportent, tandis que les joueurs et staff défendent les couleurs du Club.
Le match fini, les dirigeants, avant de repartir, prennent un dernier verre avec les dirigeants adverses, tandis que les joueurs des deux équipes se retrouvent au Players' lounge pour boire une, ou plus sûrement quelques bières, de même que les staffs commentent le match autour d'un verre et de quelques sandwiches !
Dimanche, en famille pout tout le monde, et on repart pour une autre semaine chacun de son côté, dirigeants dans leurs bureaux, joueurs et entraîneurs sur le terrain !
Seul Gérard avait une fois par mois une réunion avec le Board (les 5 ou 6 dirigeants principaux), au cours de laquelle il rendait compte des résultats sprotifs et expliquait ses intentions. Pour les autres membres du staff, rares étaient les échanges avec les dirigeants. Il m'a fallu partiquement une saison pour connaître les principaux responsables du club, à savoir les directeurs administratifs, financier et commercial.

Bref, tout l'inverse de ce qui se passe dans la plupart des clubs de l'hexagone,où centre d'entraînement et centre de vie du club sont imbriqués, à l'exemple du RC Lens ou du LOSC avec la Gaillette ou Luchin.
Certes l'unité de lieu présente des avantages, elle permet notamment, au personnel du club, de pouvoir côtoyer les joueurs, mieux les connaître, mais c'est aussi un inconvénient majeur que de vivre dans une ambiance dictée par les résultats, et où chacun donne son avis sur tout.

Pour avoir vécu les deux fonctionnements, je pense qu'il est beaucoup plus facile de travailler en Angleterre, où joueurs et entraîneurs sont seuls sur le lieu de travail, sans public, sans médias et cela permet une plus grande sénénité dans le travail.
Evidemment, en cas de mauvais résultats, la sanction est la même qu'en France et que dans le monde entier : vous partez !
Généralement en bons termes car vous savez qu'on vous a laissé travailler en paix, sans chercher à influencer vos choix ou à contester vos méthodes !

A chancun sa philosophie, sa culture, ses différences mais je pense que la meilleure façon d'y arriver est de respecter l'adage suivant :
" Le président préside, l'entraîneur entraîne, les joueurs jouent ".

Est-ce bien le cas partout ?

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