Pourquoi je suis un fondu d’athlé…

Quotidiennement, pendant la durée du Festival de Cannes, le journal l’Equipe a eu l’excellente idée de demander à une personnalité du monde du cinéma de parler de Sport… Le témoignage de Régis Wargnier (recueilli par Jocelyn Lermusieaux) m’a beaucoup marqué… Ce cinéaste est, notamment, le réalisateur du Film "Indochine", Oscar du meilleur film étranger en 1993... Mais ce cinéaste, est aussi un amateur éclairé d’athlétisme. En 2003, il avait déclaré sa flamme à la discipline dans « Cœurs d’athlètes », un documentaire sensible, où il croisait les trajectoires émouvantes de Hicham el-Guerrouj, Haile Gebreselassie et Heike Drechsler.

« Le déclic, mystérieusement, ce fut la dernière ligne droite de Colette Besson à Mexico en 1968.
J’ai été saisi par cette course. Depuis, le gout de l’athlétisme ne m’a jamais quitté.

Ce que j’aime dans l’athlétisme, c’est la simplicité.
Il n’y a rien, sinon un homme ou une femme qui court, qui mesure sa résistance à l’air, dont l’adversaire principal est lui-même ou elle-même.

L’athlétisme nous ramène aux origines du monde humain, il perpétue de manière noble la gestuelle qui a servi à l’homme à vivre, à survivre et à grandir : il courait parce qu’il devait chasser ou parce qu’il était chassé, il devait sauter pour passer une rivière, il lui fallait lancer un projectile pour tuer un animal et bouffer.
C’est intéressant de voir que ce qui, aujourd’hui, est devenu un spectacle sportif était aux origines de la vie de tous les jours.

Mens sana in corpore sano, (un esprit sain dans un corps sain) , l’athlétisme rappelle que nous sommes aussi des corps.
C’est l’homme de toujours : c’est l’homme d’aujourd’hui et forcément l’homme de demain.

Ce que j’aime dans l’athlétisme, c’est qu’il entretient mon goût pour les récits, pour les histoires.
Ce que je préfère, ce sont les courses de demi-fond, le 800 m et le 1500 m, parce qu’au-delà, sur le 5000 m ou le 10.000 m, l’histoire, la dramaturgie propres à la course mettent du temps à s’imposer.
Alors que le 1500 m, l’épreuve reine pour moi, est à chaque fois un véritable film court, avec un scénario qui s’écrit sous nos yeux….
Bousculades, accélérations, ruptures... et la victoire au bout!.


J’adore aussi les relais, notamment le 4 x 400 m : on en voit s’épuiser aux premiers deux cents mètres, se faire remonter aux trois cent cinquante mètres, cassés….
C’est la vie, il y a des accidents, le témoin qui tombe, la bousculade au moment de passer le relais…

Ce que j’aime dans l’Athlétisme, c’est que c’est le seul sport où je vois tous les pays du monde en compétition : Maria Mutola, au Mozambique, il fallait juste qu’elle sorte de chez elle et qu’elle coure dans les rues ; Haile Gebreselassie, en Ethiopie, il devait courir six bornes tous les jours pour aller à l’école dans la montagne…


Quand je vois arriver des athlètes du bout du monde, de pays dont on connaît à peine le nom, je trouve ça très émouvant.
Et je me sens fautif de ne jamais retenir le nom des îles des caraïbes, d’où vient Kim Collins (Saint-Kitts-et-Nevis), champion du monde du 100 m en 2003.

Ce que j’aime, enfin, dans l’Athlétisme, c’est aussi courir, tout simplement.
Quand je suis en phase d’écriture et que je me retrouve bloqué, c’est le seul remède que j’ai trouvé pour démêler le problème.
J’enfile mes pompes et, hop ! Direction le parc.
Car je sais que c’est là-bas que ça va se dénouer : d’abord le corps et peu à peu, l’esprit aussi.
Jusqu’au déclic. »



Régis Wargnier, propos recueilli par Jocelyn Lermusieaux

Allez, au plaisir du sport et de vous lire...

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