Roland Garros...un supplément d'âme !
Qui, mieux que Mats Wilander, peut présenter "le French" ?... Ainsi, pendant toute la durée de cette 80 ème édition du tournoi de Roland-Garros, nous retrouverons ses réflexions dans le journal l'Equipe. Je vous propose sa première chronique, dans laquelle il nous fait partager ses émotions ...car c'est un tournoi qu'il adore !. Il nous explique pourquoi ....
Revenir chaque année à Roland-Garros est pour moi un pur bonheur. C'est de loin, le grand chelem que je préfère.
Evidemment, certains penseront que c'est facile à dire pour quelqu'un qui y a gagné le titre juniors, qui l'a remporté trois fois et qui y a joué cinq finales. Mais je crois sincèrement que ce sentiment est partagé par une majorité des joueurs.
L'atmosphère y est incomparable. Et ce stade possède un supplément d'âme que les autres tournois du grand chelem n'ont pas.
L'open d'Australie est sympa, décontracté.
A Wimbledon, il y a trop de "touristes", des gens qui sont justes là pour dire : "J'y étais !"
Quant à l'U.S. Open, ça se passe de commentaires.
Mais Rolland Garros vit et respire le tennis.
La foule "rentre" dans le match, elle connait, apprécie, juge.
Son jugement est passionnel, mais pertinent. Elle prend parti, mais toujours en connaisseuse.
C'est quelque chose qu'on ressent intensément. Et la relation qui peut se nouer entre le joueur et le public est poussé ici à son paroxysme...
Demadez à "Guga" ce qu'il en pense ! Jamais il n'aurait pu avoir une histoire d'amour aussi forte que celle qu'il a vécue à Paris avec le public de Melbourne, de Londres ou de New York. Et, là encore, cela n'a rien à voir avec la victoire.
Connors était aussi un chouchou des Parisiens et il n'a jamais remporté le tournoi. Et je suis persuadé aujourd'hui que Federer, même s'il n'y a pas encore gagné le titre, s'y trouve parfaitement à l'aise.
Je crois que tout cela a beaucoup à voir avec cette manière remarquable qu'on a eue, ici, de transformer tout le stade depuis des décennies tout en donnant l'impression que pratiquement rien n'avait bougé.
Cela a largement contribué à sa réputation, auprès des joueurs, de stade où on se sent bien, comme chez soi.
Un stade qui s'est modernisé tout en gardant le charme suranné du bon vieux temps. Et cela a beaucoup à voir aussi avec sa taille, qui lui donne une physionomie beaucoup plus "humaine" que les trois autres. Et il peut y avoir un grand danger à changer cela. je sais qu'un projet de nouveau central avec un toit est dans l'air. C'est une nécessité pour les grandes occasions.
Un grand Chelem, aujourd'hui, ne peut se permettre de ne pas finir en temps et en heure. Ce projet est donc vital pour l'avenir du tournoi.
Et, paradoxalement, le fait qu'il soit construit hors du site actuel permettra de garder intacts l'âme et le charme du "vieux" Rolland-Garros.
Allez, au plaisir de jouer au tennis et de vous lire...