Lettre posthume de Louis XIV à F.Hollande


Une nouvelle lettre posthume, tout en finesse, de David Brunat, parue dans le figaro.fr

Je ne m'en lasse pas ...Quel talent cette famille Brunat !!!



FIGAROVOX/TRIBUNE - Après Freud, Steve Jobs, et Paul Le poulpe, David Brunat emprunte cette fois-ci la plume de Louis XIV pour prodiguer quelques conseils à François Hollande, monarque républicain en grande difficulté...

Monsieur et mon très lointain Successeur,
J'ai peu de temps à vous consacrer, occupé que je suis à continuer à briller au royaume des ombres, mais l'état où l'on me dit que se trouve mon vieux pays m'amène à vous adresser quelques mots sous lettre scellée que je vous fais porter par Charon à la minute.

Moi, Roi de France et de Navarre, je n'aurais pas souffert qu'une favorite répudiée répandît sur la place publique nos affaires privées et intimes.
Croyez-vous, Monsieur, que les Français jugent qu'on puisse bien tenir les rênes de l'Etat quand on tient si mal sa Maison ?
J'ai comme vous beaucoup aimé les femmes, mais j'ai toujours pensé que l'alcôve devait céder le pas devant le palais et ne jamais porter tort à mon image, à ma fonction, à ma grandeur.

Moi, Roi de France et de Navarre, je n'aurais jamais déclaré que la finance était mon ennemie, car j'ai toujours eu besoin des gens d'argent pour financer ma politique et mes guerres, mais je n'aurais pas non plus octroyé la première place aux gens de banque et de marchés.
Sous mon règne, comme à l'époque de votre prédécesseur le général de Gaulle, la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille ; et les financiers récalcitrants comme le sieur Fouquet en ont été pour leurs frais.

Moi, Roi de France et de Navarre, j'aurais su parler à ces «frondeurs» dont on me dit qu'ils ont voulu forcer vos desseins.
Monsieur, une jacquerie se mate, et l'exil, la Bastille ou le fer ont aisément raison de ces fortes têtes.
De mon temps aussi, nous avons eu droit à des frondeurs.
J'en suis venu à bout avec une poigne royale et des collaborateurs résolus.

Moi, Roi de France et de Navarre, je crois que vous, Président, avez repris à votre compte la parole d'un des principaux frondeurs de mon siècle, monsieur de Retz, qui disait : «On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens».
Vous paraissez même en avoir fait la maxime cardinale de votre action, bien que, comme dirait mon bon bouffon don Colucci, cela ne fasse pas avancer le schmilblick.

Moi, Roi de France et de Navarre, je suis chagriné de voir que vous semblez parfois tout droit sorti d'une comédie de cet excellent Monsieur de Molière, qui aurait peut-être puisé dans votre humour et dans votre situation la matière d'une nouvelle intrigue burlesque ou d'une scène de genre.

Mais moi, Roi de France et de Navarre, je dis que ce qui est bon sur les planches l'est moins dans la conduite des affaires de l'Etat.
Aussi, je souhaite avec ardeur que la dignité attachée à votre éminente fonction demeure, avec la grandeur du pays dont vous avez la charge, votre constante et pressante priorité.

Moi, Roi de France et de Navarre, je vous souhaite de réussir dans cette entreprise, car il en va de l'intérêt de la France.
C'est là le vœu simple et compliqué que je forme pour vous.
Et comme l'on disait si joliment à mon époque : Dieu vous ait en sa Sainte Garde (vous en avez besoin).

Louis, Roi de France et de Navarre.


Signé : David Brunat est écrivain et conseiller en communication.

Allez, au plaisir de vous lire ...

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